La “malnutrition”, un manque de solutions rassasié par les initiatives associatives et véganes !
La malnutrition est un sujet qui touche grandement les jeunes en France en 2023. La précarité montante des 15 à 25 ans les pousse à affronter un problème que l’OMS décrit comme étant “les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne”. Voilà comment des alternatives plus abordables apparaissent dans différentes villes étudiantes. Lille offre notamment des alternatives nouvelles à cette lutte contre la malnutrition, avec l’association Les Pieds sur Terre et le restaurant végétalien Itsy Bitsy.
Aujourd’hui, les carences alimentaires touchent près de 20% des jeunes français. Alors que le Crous présente des prix avantageux pour les boursiers, cela ne convient pas toujours. L’idée de “bien-manger” vient avec un coût. Il semblerait que nul ne puisse régler ce problème. A petite échelle, les initiatives d’Émilie, volontaire à l’association Les Pieds sur Terre et Amélie, responsable du restaurant végétalien Itsy Bitsy nous donne des idées…
Une rivale du Crous
“Financièrement c’est vachement intéressant ! Là c’est gratuit quand même.” Comme le présente Julie, étudiante en 2e année d’orthophonie à la faculté de Lille, l’alternative alimentaire proposée par Les Pieds sur Terre est très avantageuse ! L’association propose des légumes à moindre prix aux étudiants. Après son adhésion en septembre 2022, Julie est revenue régulièrement chercher son panier. “Je récupère mes paniers tous les lundis, ça me fait mes repas de la semaine et en plus ce sont des produits qu’on n’aurait pas l’habitude d’aller acheter.” Près de 75 étudiants réservent chaque semaine leur panier. Cette assiduité peut être due à une volonté de manger plus équilibré, mais aussi au fait qu’une majorité d’entre eux ne peut se nourrir convenablement et quotidiennement. Depuis la fin de la crise Covid-19 et le début de la guerre en Ukraine, il est remarquable que les prix des produits frais ont augmenté. Cela a significativement impacté la façon dont des milliers de jeunes se nourrissent. Leur précarité les pousse à se tourner vers des solutions comme celles proposées par le Crous. L’organisation gouvernementale propose des repas à 3,20 euros pour les non-boursiers et à 1 euro pour les boursiers aux plus hauts échelons. Des prix qui semblent avantageux. Pour certains, ils sont tout de même trop élevés. Début 2023, l’alliance parlementaire de gauche NUPES a proposé de passer les prix du CROUS à 1 euro symbolique pour tous. La proposition de loi ne fut pas élevée à de plus grandes dimensions et l’initiative associative Les Pieds sur Terre s’élève dans la même branche que l’initiative parlementaire de lutte contre la précarité. De quoi donner des idées au gouvernement…
“Les restaurants traditionnels s’y mettent aussi”
“Il y a près de 5 ans les offres de cuisine végétalienne n’étaient pas courantes à Lille“, nous explique Amélie, responsable du restaurant végétalien Itsy Bitsy. L’apparition de nouvelles offres véganes a forcé les restaurants traditionnels à repenser leurs offres. “Beaucoup de restaurateurs ont la flemme de modifier leurs menus, mais lorsqu’ils se sont rendu compte que près d’1/3 de la population est végétarienne, évidemment ça change leur mentalité.” À l’ouverture il y a 6 ans, Amélie et ses amis ont fait face à un problème : aucun restaurant lillois ne proposait de menu végétarien viable, et l’arrivée d’Itsy Bitsy sur le marché, en plus d’autres restaurants au même concept, comme La Clairière ou Annie’s Kitchen a changé la donne. “Au début, il fallait vraiment éduquer les gens à manger végétarien”.
Amélie tend à accentuer l’évolution des mentalités vis-à-vis de la cuisine végétarienne : “Les enfants veulent faire voir autre chose à leurs parents, mais les plus vieux sont toujours plus compliqués à convaincre.” Le véganisme et le végétarisme étant mieux acceptés dans l’imaginaire collectif, il reste néanmoins à convaincre les plus précaires. Itsy Bitsy est un restaurant qui se rend compte de la malnutrition étudiante et essaye d’y adapter ses prix. “On sait qu’on est déjà trop cher pour les étudiants, mais on a commencé à faire nos plats à 12 euros et c’est déjà très abordable.” Amélie et ses collègues savent l’incapacité de certains étudiants à se payer leurs repas, mais ils relativisent en considérant que leur offre est moindre comparée à celle de restaurants traditionnels. Le constat aujourd’hui est que les produits sains sont devenus chers, Itsy Bitsy peut être une solution abordable pour des jeunes de 15 à 25 ans qui ne sont pas dans une situation économique trop compliquée. Comment permettre à des jeunes qui n’ont rien, de manger plus varié ?
Mathé Cleach
Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
CROUS : Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires.
Zoom sur la “malbouffe” avec Sirouy le clown : “Prenez un spectacle de ce genre soit pour démarrer une thématique, soit pour la conclure”
C’est à Armentières que nous avons rencontré Ludovic Meens, 50 ans. Depuis 2005, il arpente les routes de France pour jouer ses spectacles aux plus jeunes afin de les sensibiliser à des causes qui lui sont chères, comme celle de la malnutrition.
Pour cela, rien de mieux qu’un personnage clownesque selon lui. Muni de sa guitare, son nez rouge et son chapeau melon, ce “clown engagé” utilise de ses chansons pour faire passer des messages plus facilement aux enfants : “Les paroles sont faites pour eux, c’est difficile de ne pas comprendre. L’idée à travers ces spectacles est de permettre aux enfants de repartir en ayant une réflexion sur la malnutrition”.
Afin de sensibiliser les enfants à l’importance d’une hygiène de vie saine et équilibrée, Ludovic Meens a créé spécifiquement le spectacle Crok dans ta pomme, éducatif et ludique d’une cinquantaine de minutes mêlant chant et guitare. Son but ici n’est pas d’être l’instigateur moral des enfants, mais plutôt un outil pédagogique en plus pour les enseignants. Sirouy le clown “n’est pas du tout là pour remplacer l’enseignant, je suis là parce que ce n’est pas toujours évident de sensibiliser les enfants à travers un cours pur et simple. A l’inverse, quand on a un support musical derrière, c’est vrai que tout de suite, c’est plus agréable et les enfants retiennent plus facilement.”
Le côté récréatif est primordial, autant chez l’enfant que chez l’adulte. Pour lui, “le ludique, c’est bon pour tout le monde, si on regarde une conférence chiante sur l’environnement, au bout de 3 minutes, tu t’endors. Si on veut s’intéresser à quelque chose de divertissant, on a besoin d’avoir quelqu’un en face qui soit dynamique, qui te donne envie d’écouter et d’aller plus loin dans la réflexion. On a l’impression d’être au-dessus nous en tant qu’adulte, mais on est tous pareil, on fonctionne aussi comme les enfants, à être davantage à l’écoute si l’on nous propose des sujets plus amusants et moins monotones”.
Mathieu Feenin