Aider les jeunes à trouver un job d’été : le cas du Havre

by François Périsse
La mairie du Havre, en Normandie, se met en mouvement pour trouver des solutions permettant aux étudiants de trouver un emploi saisonnier. Les jeunes pâtissent souvent d’un manque de contacts, d’expérience requise, ou ne possèdent pas le permis de conduire qu’ils cherchent justement à financer avec ce job d’été.

En effet, beaucoup de portes peuvent être fermées aux étudiants motivés à sacrifier leurs vacances d’été pour donner de leur temps en échange d’une maigre épargne. Et la ville du Havre l’a bien compris puisqu’elle accompagne les jeunes dans leurs recherches et leur permet même d’intégrer un job d’été sans attente ou procédures interminables. 

“Nous répondons à une demande constante, c’est une volonté du maire que d’aider les jeunes Havrais à s’insérer dans le monde du travail et à financer leurs études”, précise Léa, responsable des ressources humaines à l’imposant hôtel de ville en pierre. Effectivement, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a instauré “Un Été au Havre” pour les 500 ans de la ville portuaire ce qui l’a dynamisée en créant de l’offre d’emploi dans le tourisme, les étudiants étant les premiers à se voir proposer ces jobs.

Pendant leurs vacances estivales, les jeunes peuvent devenir barmaid, professeur, sauveteur, agent d’accueil ou de sécurité, guide, jardinier, comptable ou encore saisir d’autres opportunités de métiers saisonniers qui ne manquent pas sur le port. Ils se retrouvent fonctionnaires, parfois via la création de postes pour pallier au manque de personnel, d’autres fois ils remplacent un salarié en arrêt maladie ou en congé.

Etudiante en recherche d'emploi

Les salaires vont du Smic horaire (11,35€) jusqu’à 2237€ par mois. Léa précise que bien que les motivations des intéressés ne soient pas l’argent, la ville se promet tout de même une rémunération “au juste prix” ainsi qu’un travail qui se veut intégrateur et formateur. 

“Nous ne voulons pas que les saisonniers se voient refuser de partout et qu’ils finissent cloîtrés entre 4 murs derrière le comptoir d’un fast-food tout l’été. L’objectif c’est que le travail ne soit pas vu comme une corvée, et qu’ils s’impliquent au maximum.” 

D’un autre côté, on peut se demander si travailler dans un secteur qui s’éloigne de notre domaine de prédilection est vraiment formateur, ou simplement une première ligne sur le CV et un calendrier rempli.

Une politique commune

La rapidité d’embauche, le cadre de vie au bord de la mer et le salaire sont également mis en avant à l’office du tourisme. 

“Nous recrutons des jeunes du BTS tourisme du Lycée Jeanne D’Arc qui ensuite peuvent travailler à l’accueil du centre de la plage ou d’Étretat, à la place Auguste Perret, ou au musée maritime, le centre ville étant classé au patrimoine mondial de l’Unesco il y a de quoi faire”, témoigne une employée de l’office. 

Travailler dans le domaine de ses études est un Graal partout en France, où les jobs d’été ne se résument souvent qu’au baby sitting ou à la restauration. Ici, ça ne concerne que les élèves de cette formation tourisme, les autres, Havrais ou non, sont aussi recrutés mais n’étudiant pas dans ce domaine, ils ne bénéficieront pas des mêmes atouts pour leur futur métier (avoir des contacts dans le milieu de leur futur travail par exemple). 

Ce problème demeure bien français puisque la plupart de nos voisins européens proposent aux élèves des emplois, saisonniers ou non, exactement en rapport avec la formation de leurs étudiants, les écoles britanniques -hors de prix certes- mais championnes en terme d’accompagnement, proposent des stages, emplois et alternances aux élèves en lien direct avec leur majeure d’étude grâce à des partenariats. 

Car parfois pour trouver un job ou une formation il ne s’agit que d’avoir des contacts ou de l’influence, comme ces écoles, mais lorsqu’il faut y ajouter des qualifications c’est encore là que la mairie intervient, avec des aides ou avantages financiers. Comme le permis à 1 euro par jour, ou le financement du BAFA.

Le Service Civique et le Contrat Unique d’Insertion sont aussi proposés par la ville à défaut de l’être par la faculté, ce qui consiste à s’engager 24 heures par semaine pour seulement 570€ par mois. Une mesure moins appréciée par ceux qui travaillent pour rembourser une échéance ou payer leur loyer, car peu rémunératrice , mais une aubaine pour ceux qui s’y seraient pris trop tard pour les emplois saisonniers de la ville qui ferme ses candidatures le 30 avril. “On a souvent des étudiants qui attendent leurs résultats d’admissions pour postuler, on doit malheureusement les rediriger vers nos autres services,  c’est un peu la limite, si on ouvrait tout l’été on ne pourrait pas garantir autant de places” déclare Léa.

Cependant, le même problème revient, avec le financement du BAFA ou les jobs saisonniers  car tout le monde ne souhaite pas travailler dans l’animation, le tourisme ou la restauration plus tard. Bien que divers, les emplois proposés restent majoritairement des jobs du secteur tertiaire. 

De plus, le service civique ne dure qu’un temps et ne permet ni une stabilité financière ni une insertion totale dans le monde du travail, simplement le même impact qu’un stage rémunéré. 

Même si ce dernier est bien plus difficile à décrocher, il reste plus proche du but recherché pour son futur emploi.

Finalement, les aides de la ville ne s’adressent peut-être qu’à ceux qui n’ont pas le choix et ne peuvent pas trouver ce qu’ils privilégient, ou ceux qui ne savent pas s’ils sont sur la bonne voie.

Hana Goujdani

Raisons selon lesquelles les jeunes de 15 à 26 ans cherchaient un job d'été en 2016 (Statista)

Photo et illustrations: Nathan Kouamelan

Les jeunes travailleurs face aux abus des employeurs

Trouver un emploi n’est pas le seul obstacle qui attend les jeunes étudiants ayant besoin de se faire un peu d’argent. Une fois embauchés, il arrive que les employeurs se permettent des pratiques abusives, voire illégales à l’égard de leurs jeunes employés. 

Conscients de la nécessité de ce travail pour l’étudiant et de sa potentielle vulnérabilité dûe à son jeune âge, les abus sont nombreux : heures supplémentaires non rémunérées, retard dans la signature du contrat ou encore rémunérations trop faibles. Néanmoins, un article du Point révèle que ce qu’on appelle la Génération Z (né entre 1997 et 2012) sait reconnaître les comportements abusifs grâce à une plus grande sensibilisation au sujet, sur les réseaux sociaux notamment.

Mais les jobs étudiants et saisonniers ne sont pas les seuls concernés. En effet, les stages sont aussi un moyen pour certains responsables de se débarrasser des tâches désagréables ou d’exploiter des jeunes en apprentissage. 

De plus, il est important de savoir que les entreprises n’ont pas l’obligation de verser une gratification lors des stages de moins de 2 mois. Cela permet donc à certaines de faire travailler leurs stagiaires au même niveau que leurs salariés, ce qui est interdit. Selon JobTeaser, c’est un moyen pour les entreprises d’obtenir de “la main d’œuvre à bas prix”. 

Il n’est pas rare d’entendre des témoignages de jeunes stagiaires ayant subi du harcèlement moral de la part de tuteurs abusifs. L’initiative étudiante « Balance ton Stage » récolte les témoignages, sensibilise et forme à reconnaître les comportements incorrects.  Pour permettre aux jeunes de connaître leurs droits, le syndicat étudiant Unef et l’UGICT-CGT (Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens) a d’ailleurs publié un guide du droit des stagiaires.

Louna Martin-Delbrayelle

Le BAFA : un avant-goût du travail pour la jeunesse

Léa et Pauline, toutes deux en licence d’anglais à l’Université de Lille nous parle de leur expérience personnelle concernant le BAFA.

Vidéo: Anoushka Trajkovic

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