« Stop au cauchemar, fermons les abattoirs », « Assez de sang versé » ou encore « manger de tout sans manger personne », des slogans forts accompagnés d’images choc comme celles de volailles agonisant dans un élevage intensif. Voilà une partie de l’arsenal de l’association L214 qui rassemble à chacune de ses manifestations en France, des milliers de militants végétariens et végans. Objectifs à chaque opération : défendre leurs modes de vie face aux préjugés sur leur régime alimentaire. Modes de vie défendus notamment par Claire et Frédéric, engagés dans cette lutte pour la cause animale.
Claire Cashera est une étudiante végétarienne depuis plus d’un an et en choisissant de ne pas consommer de produits d’origine animale, elle s’engage dans une démarche éthique visant à réduire la souffrance animale : « Je suis végétarienne depuis plus d’un an. Je mange quand même du poisson mais je pense à arrêter le lait vache et le poisson depuis quelques mois. Je suis sensible à la maltraitance animale depuis toute petite. Je pense que c’est grâce à ma grand-mère que je ne mange plus de viande. Elle m’a toujours sensibilisée sur ce qu’il se passait dans les abattoirs », explique-t-elle. Cette lutte contre la maltraitance animale s’inscrit dans un cadre plus large de dénonciation des conditions de vie imposées aux animaux dans l’industrie de la viande, du lait, des œufs, et d’autres secteurs d’exploitation. C’est avoir la conviction que les animaux méritent de vivre sans souffrance inutile, et que l’humain a une responsabilité morale envers les êtres vivants qui partagent la planète. Ce qu’explicite Claire : « Au-delà de la maltraitance animale je ne mange pas de viande car tuer un animal pour un aliment dont je peux me passer me paraît égoïste. »
Tous les ans, 1 million de veaux sont victimes de l’industrie laitière – crédits photos : Zoé Vouriot
Une sensibilisation à un système agroalimentaire abusif
Frédéric, 45 ans, a fait le choix de rejoindre de nombreuses associations qui luttent ardemment contre ces causes, tout particulièrement L214, qui existe depuis 2008. Elle a deux objectifs à la clé : informer le grand public sur les conditions d’élevage en France pour faire reculer les pires pratiques d’élevage et d’abattage et faire baisser le nombre d’animaux tués en France. “Je veux soutenir ces pratiques de sensibilisation au sein des associations, c’est comme cela que nous finirons par nous créer une véritable voix“, explique Frédéric. L214 cherche, en effet, à informer les consommateurs sur les pratiques qui touchent les animaux d’élevage car jusqu’en 2010, lors des premières enquêtes, on constate que la protection des animaux se cantonne bien plus aux animaux de compagnie qu’aux animaux d’élevage. En France, 3 millions d’animaux sont tués chaque jour dans les abattoirs issus d’élevages intensifs. Des actions de lutte sont lancées via des vidéos de sensibilisation publiées grâce aux lanceurs et lanceuses d’alertes qui travaillent dans ces lieux : “j’ai pu visionner certaines de ces vidéos et certaines m’ont vraiment secoué car elles montrent la gravité de la situation sans filtres.” Ce sont donc des dénonciations de ce que les consommateurs ne sont normalement pas censés voir. L’industrie agroalimentaire refuse de montrer les conditions dans lesquelles sont élevés les animaux. De nombreuses campagnes sont créées au sein des entreprises pour leur demander de renoncer aux pratiques d’élevage et d’abattage les plus cruelles pour les animaux. Les politiques sont également visées par les associations, pour essayer de légiférer et interdire certaines pratiques d’élevage.
Changer les mentalités
Grâce aux retombées presse, cette cause, dont on ne parlait pas il y a 16 ans, s’est bien médiatisée aujourd’hui. L214 a obtenu la fermeture d’un certain nombre d’élevage ou d’abattoirs. Un élevage de poules pondeuses, en France, avait été retrouvé dans un état catastrophique, ce qui a donné lieu à sa fermeture définitive. En 2008, 80 % des poules pondeuses étaient élevées dans des cages empilées les unes sur les autres, et aujourd’hui les chiffres sont descendus à 23%, grâce aux campagnes publiques menées au sein des entreprises avec des vidéos d’enquête. Les donateurs des associations qui luttent au quotidien pour une amélioration des conditions de vie des animaux d’élevage voire une suppression des élevages, impulsent ce système de prévention et de sensibilisation.
Législation et politique
Quelques acteurs, notamment les politiques, cherchent à mettre des bâtons dans les roues des associations pour freiner leurs actions. L’amendement qui attaque L214, revient systématiquement sous différentes formes à l’Assemblée nationale car certains députés s’opposent à ce genre d’associations, étant problématiques pour l’industrie agroalimentaire et certains syndicats, comme la FNSEA qui promeut un modèle productiviste. Leur but est commun : empêcher les associations d’agir et les asphyxier financièrement pour que les gens ne les soutiennent plus. Face à cela, il reste important d’agir contre la maltraitance animale, à la fois à grande mais aussi à petite échelle. Ce que défend, l’étudiante Claire, en parlant de son végétarisme : « C’est une façon pour moi de dire : je sais ce que vous faites derrière ces murs et je ne participerai pas à la consommation de l’animal qui a subi la maltraitance, voire pire. Je ne vous aiderai pas à faire du bénéfice sur ça non plus. » Par ailleurs, à plus grande échelle, l’idéal serait d’accorder à ces associations des députés qui les défendent car elles ne peuvent pas saisir à elles seules le conseil constitutionnel. C’est actuellement 50 000 personnes qui soutiennent L214.
Autre détail important, l’association ne reçoit aucune subvention de l’État et ne vit que sur l’argent des donateurs. Cette indépendance ne l’empêche pas d’avoir un budget, assez conséquent comme celui de l’année dernière qui s’élevait à 9 millions d’euros, mais insuffisant pour contrer les géants d’en face comme la FNSEA.
Victoria Navez
Zoom sur le végétarisme : pour la planète, la santé, et les animaux !
Devenir végétarien, c’est opter pour un mode de vie en harmonie avec la planète et les animaux. Quelques chiffres à méditer : en France, ce sont 3 millions d’animaux qui sont abattus chaque jour pour la consommation. En devenant végétarien, on peut réduire de 40 % son empreinte carbone liée à l’alimentation. Côté santé, la science est unanime : adopter une alimentation végétarienne peut diminuer de 22 % les risques de maladies cardiaques et améliorer le bien-être global.
L’association L214 est en première ligne pour sensibiliser le public et dévoiler les réalités souvent cachées des élevages industriels. En choisissant de consommer des produits d’origine végétale, on soutient ces efforts et on agit pour une société plus respectueuse de la vie animale. Ce n’est pas seulement un choix alimentaire, mais un véritable engagement qui profite à la planète et à la santé !
Et vous, prêt à rejoindre ce mouvement ?