Bouquinerie du Sart : un emploi pour trouver un logement
Posted On 9 janvier 2025
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Aujourd’hui, trouver un logement sans emploi est presque impossible. La Bouquinerie du Sart à Villeneuve d’Ascq permet aux habitants des centres d’hébergement lillois d’entamer une formation professionnelle dans l’optique de trouver un emploi durable.
Sans emploi, pas de logement ! C’est la rengaine qui vient aux oreilles des personnes vivant dans les centres d’hébergement de la métropole lilloise. Mais comment trouver un emploi sans formation ? A deux pas du métro Jean Jaurès, se trouve la Bouquinerie du Sart, un lieu de formation dédié. Dès qu’on pousse la porte de cette boutique, on se retrouve transporté dans une salle accueillante avec une équipe bienveillante et généreuse. Dans ce magasin-école, il y a cinq travailleurs en réinsertion pour trois encadrants. Parmi eux, nous avons pu questionner Océane, vendeuse depuis deux ans à la bouquinerie. Pour elle, “c’est une fierté d’accompagner ces personnes et d’aider à les remettre dans le droit chemin”.
En effet, elle explique que la prise en charge de ces travailleurs se fait par le biais des encadrants en lien avec les conseillers en insertion sociale et professionnelle (CIP), que l’on retrouve dans les associations et centres partenaires comme Abej Solidarité. La formation dure 12 mois et comprend trois domaines : vente en magasin, logistique à l’entrepôt et livraison. D’abord, le travailleur effectue une “remise à niveau” sur les comportements professionnels à avoir. Ensuite, il consolide son projet professionnel en étant accompagné par les encadrants. Enfin, il cherche un emploi durable (CDD ou CDI). En parallèle, il peut poursuivre sa recherche de logement avec l’aide de l’entreprise.
La Bouquinerie du Sart permet également à ces travailleurs isolés de retrouver un lien social, d’abord avec les autres salariés, puis, avec les clients. Pour les salariés en réinsertion, c’est une véritable opportunité sur le plan professionnel, financier et avant tout social.
L’un d’entre eux est Adam, un jeune lillois en formation depuis sept mois dans le magasin. Il habite actuellement dans un centre d’hébergement à Lille qui a un projet jeune. Grâce à ce projet, Adam a rencontré sa coach emploi qui lui a directement parlé de la bouquinerie. Pour celui qui aimerait travailler dans la vente automobile après sa formation, ce projet est un tremplin pour accéder à un emploi durable.
Travailler dans des conditions réelles apprend à ces salariés en formation, diverses compétences comme la ponctualité, la diplomatie, le respect, etc. Etre sur le terrain lui permet de se confronter au monde du travail : “Ça m’a appris beaucoup de choses comme avoir un bon comportement et instaurer une routine avec une bonne hygiène de vie.” Bien plus qu’un lieu de formation, la Bouquinerie du Sart est avant tout un lieu de communion où les salariés forment une véritable équipe. Si les travailleurs en réinsertion arrivent refermés sur eux-même, ils prennent vite confiance en eux. Adam nous confie qu’avant la formation, il était très timide. Aujourd’hui, il n’hésite plus à conseiller ses clients, en ajoutant une pointe d’humour. Il nous informe que ce travail lui a permis de se révéler et qu’il espère trouver un emploi dans lequel il se sentira aussi bien.
Zoé PICARD
En 2023, plus de 330 000 personnes étaient sans domicile fixe en France, selon la fondation Abbé Pierre. Les centres d’hébergement saturés peinent à répondre à l’urgence, alors même que disposer d’un toit est souvent la première étape pour se reconstruire, notamment sur le plan professionnel.
Accéder à un logement est un véritable défi pour les personnes en situation précaire. Les exigences (fiches de paie, CDI, garants, ect…) excluent de fait les plus vulnérables. Sans adresse, il est difficile d’ouvrir un compte bancaire, de recevoir son courrier ou de postuler à un emploi, ce qui enferme les SDF dans un cercle vicieux.
En France, des associations comme l’AFFIL (Association Francilienne pour Favoriser l’Insertion par le Logement) s’inspirent du modèle finlandais Housing First, qui a réduit de 13 000 le nombre de sans-abris depuis 2008 grâce à un principe simple : offrir un logement pour stabiliser les individus avant de traiter d’autres problématiques.
Cette approche, déployée en France, prouve que la stabilité résidentielle est un levier essentiel pour faciliter la réinsertion professionnelle. Toutefois, pour élargir ces initiatives, il faudra construire davantage de logements sociaux, encourager les propriétaires à louer aux plus précaires et renforcer le soutien aux associations. Offrir un toit, c’est offrir une chance de reconstruire une vie.
Alexandre Sessa-Thiery
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