La permaculture : un pas vers la transition écologique ?
Posted On 2 décembre 2019
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Vendredi 15 novembre, rendez-vous avec Alain Pitten, agriculteur, dans les jardins de l’Institut Fontaine à Croix** pour découvrir les principes de la permaculture et le devenir de cette pratique.
En arrivant sur place, nous découvrons un lieu vierge de toute présence humaine. Une abondance de verdure devenue rare de nos jours. Le paysage est à couper le souffle : lacs, fontaines, arbres à perte de vue et surtout 10 hectares de terre agricole. Des plans de salade mâche, d’oseille, d’aubergines, de courgettes… une multitude de fruits et légumes tous cultivés en respectant les principes de la permaculture et son mode de pensée.
« Soigner la Terre et nourrir les Hommes ». Telle est la mission de la permaculture décrite par Alain Pitten. D’abord cadreur, monteur puis réalisateur de films et documentaires depuis l’âge de 30 ans, il décide ensuite de passer de l’autre côté de la caméra. Il devient lui-même acteur de la transition écologique lorsqu’il s’investit dans la pratique de la permaculture depuis trois ans maintenant, aux jardins de la Fontaine.
En effet, celle-ci s’emploie à respecter une certaine éthique envers les clients qui achètent des légumes issus de cette pratique. Sur ces dix hectares, aucun pesticide ni engrais chimique n’est utilisé contrairement à l’agriculture conventionnelle. La permaculture permet aux agriculteurs, à travers l’utilisation de diverses techniques, d’aménager un espace qui soit en harmonie avec la nature. Le travail sur des planches de légumes permanents, la couverture végétale constante des sols, le non-labourage constituent autant de techniques nécessaires pour favoriser le développement durable et les écosystèmes sur lesquels travaillent les agriculteurs.
La construction de la conscience biologique constitue une étape fondamentale dans le changement des modes d’alimentation. Effectivement, dès les années 70, la médecine permet de révéler un lien fondamental entre alimentation et pathologies. Il devient alors inconcevable pour certains d’acheter des produits qui mettent leur santé en danger. La question éthique devient primordiale. Il faut être en harmonie avec ses convictions.
Ainsi, les consommateurs avertis des effets potentiellement néfastes de l’alimentation sur le corps émergent et ne tardent pas à constituer la nouvelle génération de consommateurs. Militante, elle est prête à faire passer sa santé avant divers besoins matériels. Effectivement, elle est capable de se mettre financièrement en difficulté, témoignant d’une volonté de respect du corps, de l’environnement et de la planète. Alain Pitten se dit alors très fier « d’avoir reçu trois chèques sans provision, même si le montant était faible, juste 6 € ».
« Nous ne sommes plus au stade de la protection de la nature mais à sa réparation », affirme l’agriculteur.
Pour Alain, il est nécessaire d’être positif quant à l’avenir de l’agriculture biologique et les pratiques permaculturelles. La conscientisation du problème constitue dès lors un grand pas en avant vers la nécessaire transition écologique dans laquelle nous sommes tous acteurs.
« Le projet ne peut réussir que s’il est collectif. » Compter sur l’Etat n’est pas la solution, il faut agir au quotidien que l’on soit consommateur (et/) ou producteur. Même si l’on compte déjà 8% de terres françaises dédiées aux produits biologiques dont 1% dans la région des Hauts-de-France, il est primordial de se mettre en action pour que les choses changent.
Diverses initiatives prises en France comme ailleurs témoignent dès lors de la volonté de s’investir dans cette transition écologique. L’avenir de l’agriculture reste incertain pour le moment mais des progrès techniques et scientifiques montrent que l’avènement de la permaculture en tant que norme pourrait advenir s’il l’on continue d’agir ensemble de façon respectueuse de l’environnement. L’agriculture conventionnelle n’aurait alors plus sa place dans un monde où les Hommes ont conscience de l’impact néfaste de leur consommation sur la Terre et sur leur santé. C’est ce pourquoi lutte Alain et nous appelle à encourager ce type d’initiative locale afin que ce modèle durable puisse tendre à une amplitude plus importante.
Clara Geoffroy
Vidéo de Adrien Chapiron
Plus qu’un ensemble de techniques agricoles, la permaculture est un mode et une philosophie de vie. Elle consiste, plus profondément, à vivre selon nos idées, et implique des changements drastiques au quotidien. En effet, la permaculture est un projet de vie global où tout est planifié en amont. Par conséquent, elle est une philosophie de vie, puisque l’aspect pratique et théorique qui la composent sont intimement liés.
Cette pratique nécessite un changement de regard sur la nature, en promouvant sa lenteur, dans une société où le libéralisme économique pousse à une production toujours plus intense et rapide. La permaculture recherche la contemplation de la nature et un étonnement vis-à-vis de son fonctionnement, comme l’énonçaient des philosophes comme Aristote. Dans ce cadre-là, la nature ne doit donc pas être vue comme un outil, mais comme quelque chose de mystérieux, qu’on a envie de connaître, et qui est source d’enrichissement.
Aussi, dans ce système, les individus sont des consommateurs actifs et responsables, soucieux de leur impact sur le monde, ainsi que sur les générations à venir, ce qui pose la question de savoir si la permaculture est un mouvement collectif englobant la société autour d’un projet commun, ou si elle ne consiste qu’en des initiatives individuelles, séparées, n’ayant pas vocation à un projet global.
Malgré tout, la permaculture met en son centre des valeurs humaines, telles que la coopération et l’interdépendance, et non la compétition propre au modèle capitaliste. Ainsi, les permaculteurs n’agissent pas solitairement, et ne renoncent pas à la politique, cette dernière se manifestant par un autre biais.
Camille Goncalves Abongo
** L’Institut Fontaine est un « lieu de transmission et d’apprentissage » qui souhaite cultiver « la joie d’entreprendre ». Leurs maîtres-mots sont humanisme et développement durable. Par le biais de financements et/ou d’investissements, l’Institut Fontaine souhaite avant tout
promouvoir les projets permettant l’évolution et la transformation de la société afin de l’améliorer. Ainsi, afin de mettre en pratique ses connaissances, l’Institut a accordé à Alain Pitten des parcelles de terre pour qu’il puisse réaliser son projet.
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