Les bibliothèques de rues, ou comment rendre la culture accessible
Il y en a des centaines en France avec toujours le même principe : chacun peut y déposer ou prendre un livre, sans contrepartie. Tout repose sur la confiance. Vous l’aurez sûrement compris, nous allons aujourd’hui nous intéresser au phénomène des bibliothèques de rues.
Face aux problèmes sociaux liés au désintérêt croissant des enfants vis-à-vis de la lecture, des initiatives menées par des associations ou des citoyens, sont misent en place un peu partout en France. Mais l’idée n’est pas nouvelle – les premières expérimentations de « bibliothèques de rues » remontent à la fin du XIXe siècle dans le nord de l’Europe – et apparaît comme un phénomène grandissant en France depuis une dizaine d’années. Ainsi, en vous promenant dans votre quartier, vous avez peut-être déjà croisé une drôle de cabine téléphonique, remplie de livres, prêts à être empruntés, échangés et consommés. Dans une société où l’écran de téléphone est roi, des initiatives comme celles-ci redonnent un peu d’espoir pour la jeunesse, qui tend à délaisser la lecture au profit d’autres activités (surfer sur internet ou utiliser les réseaux sociaux, écouter de la musique…).
Ce que la misère détruit, la culture peut le réparer
Au sein de la région lilloise, ce sont des associations telles que ATD Quart Monde qui mettent en place des initiatives de bibliothèques de rue depuis quelques années. Pour Régine, membre de l’association depuis deux ans, « la lecture permet aux enfants de s’ouvrir au monde qui les entoure, de prendre confiance en eux ». En leur offrant la possibilité de lire des livres, qui vont des classiques de la littérature de jeunesse jusqu’aux ouvrages pour les enfants en bas-âge, l’association souhaite réconcilier les plus jeunes avec l’exercice de lecture et le contact au livre. Mais leur mission ne s’arrête pas là, Régine et les membres de l’association ATD Quart Monde sont aussi présents auprès des enfants au sein des bibliothèques pour leur lire des histoires, passer du temps avec eux et ainsi « laisser leur imagination s’activer ». Cela peut permettre à des enfants qui viennent de quartiers difficiles « de leur ouvrir les yeux, sur le fait que le monde ne s’arrête pas à leur quartier, et que la vie peut leur réserver plein de belles surprises qu’ils peuvent s’imaginer à travers la lecture d’une histoire ».
Lors de notre rencontre avec des enfants qui bénéficient des interventions lecture de Régine et des membres d’ATD Quart Monde à la bibliothèque du Faubourg de Béthune, au sud de Lille, nous pouvons voir dans les yeux de ٭Mila, une jeune fille âgée de 5 ans, l’émotion et la joie quand Régine lui lit une histoire de princesse. De la joie, ATD Quart-Monde en sème toutes les semaines en se rendant auprès d’enfants pour les accompagner dans leur approche de la lecture. Au-delà de l’acte en lui-même, les bénévoles essayent également de leur donner le goût des lettres, de les familiariser avec un univers parfois inconnu.
Catherine, membre de l’association depuis 1983 nous confie, lors d’une rencontre, l’histoire touchante d’un enfant plutôt turbulent et donc rejeté au sein de son groupe d’amis, qui, un jour, a réussi à s’imposer lors de la présentation d’un livre comme un bon orateur et comme le conteur de l’histoire. Il n’aurait sûrement jamais réussi à se révéler de cette façon sans le soutien apporté par l’association ATD Quart Monde et l’initiative des bibliothèques de rues qui l’ont poussé à affronter sa timidité et à gagner en confiance.
L’initiative des bibliothèques de rue apparaît comme une solution efficace pour sensibiliser les plus jeunes à la lecture. Également un moyen pour certaines personnes de s’éloigner de la morosité du quotidien le temps d’un roman. En tout cas cet hiver une chose est certaine, des milliers de personnes bénéficieront d’initiatives citoyennes comme celles menées par ATD Quart Monde et troqueront écouteurs et consoles pour un bon classique de la littérature française au coin du feu.
٭le prénom a été modifié
Nathan MERCHADIER
Mahefa RAKOTOSON–BERTIN
Focus
Les boîtes à lire, une solution solidaire et fun pour permettre à tous l’accès à la lecture !
Les bibliothèques de rue telles que proposées par ATD Quart Monde ne sont pas les seules solutions pour rendre la lecture disponible à tous. Depuis quelques années, les « boîtes à lire » se diffusent de plus en France. Ce concept consiste à fabriquer une petite bibliothèque et à la placer dans un lieu, permettant à tous de venir poser ou récupérer des livres. Ainsi, ils sont accessibles gratuitement et incitent au lien social et à la solidarité.
Depuis 2016, Recyclivre a mis en place un annuaire en ligne de ces boîtes à lire, permettant de les localiser partout en France et dans le monde. Sur leur site, chacun peut inscrire la boîte à lire découverte ou fabriquée. De plus, des boîtes à lire éco-responsables sont désormais disponibles sur ce même site.
Les boîtes à lire à Lille
Dans la ville de Lille et ses alentours, on comptabilise quelque 128 boîtes à lire. Ceci en fait la quatrième métropole française derrière Paris (509), Bordeaux (215) et Lyon (175). On en compte plus de 5228 en France métropolitaine.
À Lille même, sont disséminées des boîtes à lire dans de nombreux lieux très différents les uns des autres. On en trouve notamment entre le hall 1 et 2 de la Gare Lille Europe, dans les restaurants « Pomme de Pain » rue Nationale et Boulevard de la Liberté, devant le « Café Citoyen » à République ou encore dans le bar « L’Écart » à côté de L’ESJ Lille. À vous maintenant de dénicher les autres !
Edgar GROLEAU
Rédaction : Nathan MERCHADIER
Community Manager et encadré : Edgar GROLEAU
Photographe : Rémi COLLENOT
Vidéaste : Mahefa RAKOTOSON–BERTIN
Secrétaire de rédaction : Dorian JULLIEN