Une micro-brasserie éco-responsable dans le Vieux-Lille
Posted On 2 décembre 2020
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« Depuis toujours dans la famille, on essaie de recycler les produits, les déchets. […] Mon grand-père était agriculteur et, dans ce milieu-là, on recycle beaucoup, on jette très peu. C’est culturel, j’ai été habitué », dit Amaury, qui s’engage dans la lutte contre le gaspillage et en faveur de l’écologie. Une lutte d’autant plus nécessaire en ces temps de crise où le gaspillage de la bière s’est élevé à 10 millions de litres lors du premier confinement selon le syndicat professionnel Brasseurs de France.
Leurs produits sont français, viennent principalement de la région des Hauts-de-France et sont tous bios. Par semaine, la brasserie produit une tonne de drêche, le reste de l’orge et des autres céréales fermentés qui sont utilisés dans la fabrication de la bière. Pour lutter contre son gaspillage, il la redistribue à un agriculteur de Cassel qui s’en sert d’épandage ou de fertilisant. Il est aussi possible de s’en servir pour nourrir les animaux d’élevage. Amaury travaille également depuis deux ans avec l’association Happy Drêche, « des petits artisans qui récupèrent une petite partie de notre drêche » et en font des apéritifs ou encore des céréales, des cookies, des muffins. Il leur offre ses drêches puis les artisans les lui vendent, transformées. On peut d’ailleurs acheter leurs produits faits avec la drêche que produit Amaury, dans la boutique de la brasserie.
L’anti-gaspillage, un réflexe qui n’est pas forcément immédiat chez les jeunes. « Mes [jeunes] salariés, je les briefe là-dessus [sur le gaspillage], […] quand on a pas été habitué à ça, c’est très dur, même s’ils sont pour. » En 2014, selon une enquête d’Eco-emballage publié sur Le Monde, seulement 36% des lycéens et 37% des étudiants triaient systématiquement. 13% de la population ne triaient pas du tout et parmi eux 18% de jeunes âgés de 15 à 24 ans.
Cependant, cet engagement a un prix. « Les cartons et papiers recyclés coûtent un peu plus cher », s’étonne Amaury, « les drêches, ça me coûte ». Toujours dans ce souci écologique, les brasseurs de Célestin n’ont recours à aucun produit chimique. Pour nettoyer, ils utilisent des enzymes, qui coûtent malheureusement plus chères.
La plupart de mes clients se trouvent dans les zones rouges, mauvaise pioche » – Amaury d’Herbigny
Un coût qui n’est pas sans conséquence lorsqu’il faut faire face aux nouvelles restrictions sanitaires instaurées à Lille. D’abord, la fermeture des bars le 9 octobre, puis la mise en place du couvre-feu, qui oblige même les restaurants à fermer leurs portes à 21 heures, le 14 octobre et plus récemment le reconfinement. Les bars et restaurants sont les principales sources de revenus pour les micro-brasseries, « on perd une grosse partie du business à cause de la fermeture. Mes clients se trouvent à Lille et […] à Paris. Heureusement, j’ai la boutique ici mais [ça] ne compense pas les pertes ». Face à ce challenge, « pas de solutions ».
Depuis le premier confinement et « à cause de la Covid», le brasseur lillois s’est vu obligé de développer une gamme dédiée à la grande distribution pour pallier la perte du chiffre d’affaire obtenu habituellement avec les bars et les restaurants. Une résolution qu’il n’aurait pas envisagé autrement.
Ysé Himy–Hoffschir
Les 51 jours qu’ont duré le confinement ont été suffisants pour bouleverser de nombreuses choses en France. L’alimentation en fait partie. Rester à la maison a suffi à transformer nos petites habitudes.
Des supermarchés bondés et des rayons vidés de leurs pâtes, riz, farine, boîtes de conserve… Telles étaient les images diffusées en boucle par les médias à l’aube du 17 mars 2020. L’équilibre entre le stock et le simple ravitaillement était dur à trouver pour beaucoup de Français, paniqués à l’idée de manquer de provisions en des temps incertains. Pourtant, au fur et à mesure, les foyers ont trouvé un rythme qui leur convenait. Ainsi, selon l’étude CoviPrev, 37 % des Français ont cuisiné plus de plats maison pendant le confinement. De plus, une étude menée par YouGov pour Too Good To Go a révélé qu’une personne sur trois a moins gaspillé de nourriture.
Chaque année, environ 30kg/habitant de nourriture sont jetés en France. De nos jours, le gaspillage peut s’expliquer par la perte de valeurs des aliments : la valeur «monétaire» de l’alimentation a remplacé la valeur «vitale». Alors que le budget du ménage qui y est consacré était de 36% en 1959, il est aujourd’hui inférieur à 20%.
Pendant le confinement, la fréquence des achats a diminué pour 63% des foyers, la plupart d’entre eux procédant régulièrement à la vérification des aliments en stock pour éviter le gaspillage, ou n’achetant que ce qui était nécessaire. Une forme de rationnement a pu, dans certaines familles, aussi s’installer pour limiter les dépenses et les trajets. Le confinement a indéniablement impacté notre mode de vie, et peut-être même encourager les Français à être plus attentifs à leur consommation.
Léa Dutertre
Matteo Urru
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