Jouissance Club est au départ un compte instagram via lequel Jüne Pla partage ses dessins de l’anatomie féminine et masculine et ses “tips”, comme elle les appelle, pour mieux appréhender sa sexualité. Au vu de son succès, la jeune femme décide d’écrire un livre, du même nom, qui est publié en janvier 2020.
Des schémas simples mais très explicites de pénis et de vulves accompagnés de doigts et de mains pour montrer diverses manières de procurer du plaisir à son ou sa partenaire, voilà ce que vous trouverez dans ce livre. La dessinatrice Jüne Pla a d’abord lancé le compte instagram Jouissance Club pour déconstruire les codes intériorisés depuis l’enfance sur comment vivre notre sexualité. Le compte a rapidement gagné des followers et presque 1 million aujourd’hui le suivent. Jüne répond aux questions de ses abonné.e.s et publie régulièrement des nouveaux schémas, prouvant qu’il y a 1001 manières d’appréhender sa sexualité. Tout ceci déconstruit les clichés que la pornographie ou les films engendrent.
J’ai longtemps cru que c’était comme ça qu’il fallait faire, comme dans les pornos.”
Jüne
La dessinatrice explique que c’est une des raisons premières pour lesquelles elle a créé ce compte.
“Je voulais proposer un contenu pour que les jeunes (et les vieux aussi, d’ailleurs) arrêtent de se documenter dans le porno, ce qui était aussi mon cas avant. J’ai longtemps cru que c’était comme ça qu’il fallait faire, comme dans les pornos. Aujourd’hui avec le recul, je réalise que j’ai fait des choses dont je n’avais pas forcément envie mais je ne disais pas non car je pensais que c’était normal“, déclare Jüne Pla, lors de la sortie de son livre.
Une déconstruction nécessaire
Lors d’un entretien avec Brut, Jüne Pla a été interviewée en compagnie d’une abonnée. Cette dernière retient la déculpabilisation et déconstruction que les posts puis le livre lui ont apportées. En effet, en tant que femme, la masturbation est encore très tabou et elles ne se sentent pas toutes toujours légitimes d’expliquer à leurs partenaires masculins comment faire pour leur procurer du plaisir. Ce livre déconstruit le mythe de la pénétration à tout prix et de l’orgasme vaginal. En le feuilletant, vous pourrez vite réaliser que l’on ignore beaucoup et qu’il suffit de peu de renseignements pour avoir une vie sexuelle plus épanouie.
A contrario des manuels scolaires, ce livre se concentre sur la manière de donner et recevoir du plaisir d’un.e partenaire. Autre point qui en a fait son succès, Jouissance Club ne s’adresse pas qu’aux couples hétérosexuels. Toute une partie est consacrée aux relations homosexuelles et l’écriture inclusive est utilisée ! Ainsi, personne n’est laissé de côté.
L’application Instagram est le point de départ de beaucoup de mouvements féministes, autant sur l’acceptation de soi que la libération sexuelle. @JouissanceClub n’est pas le seul compte instagram qui partage des idées et de l’information sur le sujet. Ils sont de plus en plus nombreux, notamment sur la sexualité féminine (qui est beaucoup plus tabou que celle des messieurs) à exister sur les réseaux ou sous forme de podcast. Tout ce processus s’inscrit dans la suite du mouvement MeToo, mouvement de libération de la parole et d’ouverture à une acceptation de notre féminité et de notre plaisir.
Une aide précieuse pour se découvrir
Lorsque le fameux moment de faire sa première fois avec quelqu’un arrive, il faut savoir se poser les bonnes questions et sortir des sentiers battus. Pour la plupart des femmes, ce n’est qu’après des années de pratique que le vrai plaisir arrive. En moyenne, 56% des femmes françaises disent avoir atteint un orgasme pour la première fois à plus de 30 ans. La diversité présente sur les réseaux, sous forme de posts, podcasts, ou encore de livres permet tout de même une amélioration. De plus en plus de jeunes se disent plus sereins lors de leur début de vie sexuelle avec un.e partenaire. Les hommes ne sont pas non plus parfaitement heureux puisque les pornos montrent en grande majorité des hommes à la musculature saillante et aux atouts masculins plus que généreux. La déconstruction de tous ces mythes est donc très importante peu importe son sexe ou son genre.
Nina Weiller
ZOOM sur...
L’éducation à la sexualité dans le cursus scolaire ; une loi trop peu appliquée.
Le collectif #NousToutes, présent sur Instagram depuis 2018, a pour but du lutter contre les violences faites aux femmes. Elles recensent par exemple le nombre de féminicides annuels. Elles utilisent également leur communauté pour réaliser des sondages afin de comprendre les origines de ces discriminations.
Sortie début février, leur dernière étude porte sur l’application de la loi Aubry du 4 juillet 2001. Cette loi inscrivait au Code de l’Education l’obligation de dispenser 3 séances d’éducation sexuelle par an aux élèves de la 6ème à la terminale. Ainsi, chaque personne ayant eu son bac après 2008 est sensée avoir profité de 21 de ces cours. Ceci est loin de refléter la réalité.
Le collectif a sondé près de 11 000 personnes scolarisées au moins un an dans un collège ou lycée français depuis 2001. Vingt questions ont été posées aux volontaires afin d’estimer la sensibilisation qu’ils avaient reçu durant leur cursus. En moyenne les élèves français ont reçu 2,7 séances d’éducation sexuelle. Pourtant, cela fait déjà 21 ans que cette loi existe.
#NousToutes remarque que si la mise en place de ces séances n’est pas effectuée, leur contenu n’est pas non plus celui promis. Le site du Ministère de l’Education détaille que trois domaines sont abordés : biologique, psycho-émotionnel et juridique et social. En réalité, les thèmes abordés sont souvent ceux du programme de SVT, donc surtout biologiques.
Un chiffre-clé à retenir ? Les personnes éduquées au consentement veillent à 82% à le respecter, contre 15% autrement.
Bleuenn Simon