Le Relais Métisse, une solution à la pollution du textile
Depuis près de 60 ans, le recyclage de textile en isolant thermique est la ligne directrice de la SCOP Relais, créée sur le modèle d’Emmaüs. Le tissu de vêtements peut aussi être envoyé à l’étranger ou avoir une seconde vie, revendu par une friperie lilloise. Entre projet social à plusieurs niveaux et volonté écologique, la filiale trouve sa matière première via des bornes de récupération dans toute la France.
Dictés par la surproduction et la surconsommation, les entreprises et les individus produisent, achètent puis jettent des tonnes de vêtements par an. Les textiles usés ou simplement has been, finissent brûlés, répandant dans l’air d’importantes tonnes de CO2. Problème écologique majeur donc, et qui pose grandement question quant à la chaîne de production de vêtements de nos marques favorites. Ce fléau de l’humanité est tout de même limité tant bien que mal par un grand nombre d’actions de particuliers, de petits groupes, d’associations ou d’entreprises, qui font de leur marque de fabrique la limitation des déchets liés aux vêtements et tissus.
Entre solidarité et recyclage
C’est le cas de l’entreprise Relais Métisse, dont le rôle est de récupérer les tissus et vêtements usés dans des bennes de récupération. Une fois dans l’usine, les tissus seront transformés en isolant thermique. Le Relais Métisse est une des branches de la société le Relais, conçue à l’origine sur le modèle d’Emmaüs, pour faciliter la réinsertion dans le Nord pour les jeunes travailleurs au milieu des années 80.
Au vu de l’engouement autour du recyclage des vêtements usés, le Relais multiplie ses tâches, dont la revente des habits encore en bon état aux friperies solidaires Ding Fringues, fripes appartenant à la filiale. Ces dernières pourront ainsi proposer aux vêtements de bonne qualité une seconde vie tout en les vendant à bas prix.
L’argent récolté sert ensuite à payer les charges de l’entreprise et à fournir un salaire pour les employés, puisque le Relais obéit au modèle d’une SCOP, ou entreprise autogérée, c’est-à-dire que les salariés détiennent plus de 51% du capital, tout en ayant un véritable droit de regard sur le fonctionnement de l’entreprise. Le Relais se développe vite à l’échelle nationale, possédant désormais 35 mille bornes, permettant toujours plus d’employabilité.
“On s’est dit qu’au lieu de brûler on allait transformer”
Le passage du vieux t-shirt à un isolant thermique ne se fait pas en un clin d’œil, et tout un processus de fabrication est nécessaire pour réussir à obtenir un résultat satisfaisant. Retour en images sur le long développement de transformation du textile vers un outil écologique, par Alexis Lysimaque :
“Savez-vous qu’en 1 année le réseau du RELAIS a évité l’émission de 3 758 000 tonnes de CO2 par la collecte de textiles usagés ?” Cette phrase accrocheuse en bas du contact du Relais Métisse est le marqueur de la volonté écologique de l’entreprise, subventionnée en partie par le ministère de la transition écologique. Preuve s’il en faut, que le principe même de produire un isolant témoigne de la volonté écologique. Stéphane Bailly, référent technique au Relais Métisse, résume la pensée de la SCOP : “on collecte, on trie, on revend”. Le but principal de la filiale est de produire autrement, en étant plus écologique, tout en gardant la fibre sociale, à la genèse du Relais. Mais cela semble en bon chemin, puisque les habitants décident déjà eux-mêmes de mettre leurs vêtements dans les bennes mises à leur disposition sur l’ensemble du territoire.
Manon Lorant
Fast-fashion, la pollution c’est à la mode
L’industrie textile est la 3ème industrie la plus pollueuse aujourd’hui. Tel est l’impact que l’achat de nos vêtements du quotidien a sur l’environnement. Chaque année, 130 milliards de vêtements sont achetés, responsables de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Ces émissions sont notamment provoquées par la production de produits synthétiques, comme l’acrylique, le nylon ou encore le polyester ; par le rejet de ces éléments chimiques dans l’air et dans l’eau ; mais aussi par le transport des vêtements — un jean pouvant voyager jusqu’à 65,000 km entre le champ de coton et le point de vente. C’est d’ailleurs la première industrie à avoir subi une division du travail, menant à une répartition mondiale du processus de fabrication.
Également, les teintures textiles consomment plus de 10 milliards de litres d’eau par jour, et sont responsables de 20% de la pollution d’eau douce. L’impact écologique pour la production d’un seul jean est désastreux. Quand on apprend que pour fabriquer une seule paire de jean, on consomme 1kg de coton, 5 à 10 mille litres d’eau, 75g de pesticides, et 2kg d’engrais chimiques, il est nécessaire de remettre en question notre consommation de ces vêtements prêt-à-porter.
Des solutions variées permettent d’essayer de pallier ce problème : fripes, vêtements de seconde main, recyclage du tissu, production limitée à la demande, etc. Mais la quantité de vêtements possédés est aussi à remettre en cause, 70% des vêtements constituant les garde-robes des Français n’étant pas portés. Entre la surconsommation, la surproduction, et la pollution que le textile engendre, il est clair que la mode donne du fil à retordre aux solutions telles que Le Relais.
Félix Lebelle
Pour approfondir la thématique :