Le journalisme de solutions, la solution au journalisme
Posted On 12 décembre 2022
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On le sait, le métier va mal. Adénora Pigeolat et Jean-Marie Charon l’ont assez bien expliqué dans leur livre Hier, journalistes : ils ont quitté la profession. Le journalisme traditionnel a énormément évolué depuis quelques années, s’uniformisant autour d’une information circulaire et devenant une course à qui sortirait l’information le plus vite. Cette transformation de la profession peut fortement agacer certains journalistes venus exercer un métier-passion. Pour retrouver cette flamme de l’investigation, une nouvelle forme de journalisme est en plein essor. Misant surtout sur l’aspect “terrain” qui perd de son importance, il permet aux journalistes de réellement pratiquer leur profession comme ils le souhaitent, et même d’aller « au-delà du constat », comme le précise Aurélie Selvi, journaliste chez Nice-Matin.
Marine Mugnier, elle, a fait le choix de promouvoir le journalisme de solutions de façon indépendante à travers le collectif de pigistes de solutions Antidotes, cofondé avec Delphine Tayac. Leur impact passe par des piges d’enquêtes de solutions dans différents médias, par de la formation pour les professionnels ou les étudiants en école, ou même par de l’éducation aux médias dans les écoles primaires, collèges et lycées. Leur plus gros projet reste néanmoins la création en 2021 du média Biens Urbains, une newsletter bimensuelle spécialisée dans les enquêtes de solutions sur la ville, pour les citadins.
Ce choix d’aller vers le journalisme d’impact peut s’expliquer par une volonté de faire changer la société par l’intervalle de ses articles. « On serait beaucoup plus à agir si on avait conscience qu’il y a des combats qui réussissent », explique Marine Mugnier. La présentation d’initiatives citoyennes peut permettre aux individus ou même aux villes de prendre exemple sur d’autres. Le journaliste peut alors permettre aux lecteurs d’échapper à un sentiment d’anxiété qui peut exister à l’ouverture d’un journal. Ils sont même, dans le cas de Nice-Matin, sollicités pour choisir les problèmes sociétaux qui seront traités dans le mois. C’est donc un journalisme plus concernant, qui traite des problèmes « que les gens touchent du doigt », tout en proposant ensuite des alternatives mises en place par des citoyens.
On serait beaucoup plus à agir si on avait conscience qu’il y a des combats qui réussissent.”
Cette transition massive d’un grand nombre de journalistes vers cette nouvelle pratique a été rendue possible grâce à un mouvement de considération de cette dernière par les différents médias, qui ont récemment « tenté de le mettre en lumière », selon Alix Drouillat du Journal Toulousain. Désormais, ce qui était considéré par certains comme un “journalisme de Bisounours” commence à faire sa place et à gagner en crédibilité. « Nous, on vient de plus en plus nous chercher », témoigne M. Mugnier. Il existe même selon elle une sorte de fatalité où « on va bien être obligés d’y venir », avec l’aggravation de la situation climatique par exemple.
Nathan Crinquette
La boîte à outil du journaliste ne manque pas de techniques et d’objets en tout genre. Mais au vu
de l’ampleur et de la vitesse des changements environnementaux, celle-ci pourrait bien s’étoffer de
quelques accessoires bien utiles, propre au journalisme de solution…
⇒ L’étude des causes
Quoi de plus logique, avant de parler de solution, que de bien comprendre et saisir le problème et
ses causes ? Dans le cadre du changement climatique, une présentation efficace des causes, une
répartition juste et équitable des responsabilités permet de définir et de juger de l’efficacité d’une
solution.
⇒ Valoriser l’adaptation
Un enjeu central des rapports du GIEC est l’adaptation des sociétés aux conséquences du
changement climatique. Le journalisme de solution représente un moyen juste et efficace pour
présenter des formes concrètes de résistance, d’adaptation et de résilience. Andrew Revkin, l’un des
journalistes environnementaux les plus expérimentés des États-Unis, soutient que le journalisme de
solution peut aider à « informer les communautés sur les pratiques qui peuvent favoriser la résilience
là où la vulnérabilité est la plus grande ». Et par la même occasion, rendre désirables ces changements
de mode de vie.
⇒ S’implanter localement
Le journalisme de solution, via l’importance qu’il donne au reportage de terrain, dispose d’un outil
précieux pour analyser les vulnérabilités des populations aux conséquences du changement
climatique. En analysant les contextes locaux et les facteurs sociaux, les journalistes participent à
informer les populations sur les différences de rapports entre classes, genres, ethnies, et ainsi mieux
diriger les efforts d’adaptation ainsi que l’efficacité des mesures politiques.
Zoom de Séverin Lahaye
Vidéo de Maud Lafaye
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