Le début d’une longue série pour Séries Mania Institute ?
Créée en 2021, Séries Mania Institute est la première école au monde entièrement dédiée aux séries. Située dans le Vieux-Lille, elle a été fondée dans le prolongement du festival international Séries Mania. Cette école, unique en son genre, offre une formation complète et adaptée aux besoins et aux mutations du secteur.
Les séries sont-elles l’avenir de l’audiovisuel français ? La question est légitime. Ces dernières années, la série est devenue un élément essentiel de la création audiovisuelle en France, après avoir été longtemps un genre peu apprécié. Un événement démontre cet engouement : la treizième édition du festival Séries Mania, achevée le vendredi 24 mars dernier. Ce rassemblement de sériephiles a réuni près de 85 000 visiteurs cette année, un record de fréquentation. L’industrie de la fiction sérielle européenne est en pleine évolution, face à des changements économiques et technologiques.
Répondre aux nouvelles exigences
L’industrie des séries connaît aujourd’hui une profonde mutation économique et technologique. Pierre Ziemniak, directeur de l’institut, confirme ce constat : « Aujourd’hui, on regarde des séries de manière délinéaire sur différentes plateformes et tous types d’écran. » Il poursuit : « Cela implique donc de repenser la manière dont elles sont vues par le public. » Si le secteur est marqué par l’émergence de nouveaux acteurs tels que Netflix ou Amazon, elle est aussi confrontée à une forte concurrence des marchés américains et asiatiques. Sur ce point, Pierre se défend : « On doit être à l’écoute de ce qu’il se fait dans le monde entier, néanmoins, il faut que nous, en France et en Europe, on arrive à faire monter le niveau. On pourra le faire en ayant conscience de nos forces propres, de nos spécificités culturelles. » Pour que la fiction française soit le centre des préoccupations en matière d’écriture, de production et de distribution, il est crucial que la France soit consciente de ses propres forces. À l’image d’Engrenages ou des Revenants, il faut profiter de ce dynamisme pour valoriser les productions locales. Le téléspectateur n’est plus seulement soumis à des contenus étrangers, mais a désormais accès à des fictions nationales qui lui sont plus proches, qui reflètent son quotidien et ses valeurs.
Le secteur est également marqué par une mutation économique, face à une montée en qualité et en gamme des séries de manière générale. Le marché économique de la série est différent du cinéma et explose en ce moment. « Nous, la grande chance que l’on a, c’est d’être dans l’écosystème Séries Mania qui comprend l’Institut, le festival et le forum professionnel où se retrouve presque 4 000 professionnels du monde entier », se vante le responsable de l’école. Autre atout majeur que Laurence Herszberg, directrice du festival, s’est permise de mettre en avant : « Nous sommes dans une région où l’enjeu audiovisuel est fort. » Aux confluences de l’Europe, Lille est une véritable terre de tournages et accueille des producteurs du monde entier. Cette situation géographique est d’autant plus importante que la directive SMAD (Services de Médias Audiovisuel à la Demande) fixe des obligations d’investissements dans la création audiovisuelle et cinématographique française et européenne.
Former les créateurs de demain
Face à l’augmentation des volumes de production, il y a un besoin de main d’œuvre incessant : « On sait que le marché va doubler d’ici 10 ans en termes d’emploi », ajoute Émilie Delozanne, chargée des relations médias. Pierre Ziemniak complète : « On vise un très haut niveau d’exigence pour permettre une intégration dans un secteur qui a besoin de plus en plus de talents, scénaristes, techniciens, etc. Il y a un problème de volume et on compte y répondre avec cette école. » L’objectif est de former 400 apprenants d’ici 2026 par an. L’institut travaille en étroite collaboration avec des professionnels de l’industrie pour concevoir des programmes de formation qui répondent aux besoins réels du marché.
Maxime Hernandez
Focus sur Tremplin, un programme de Series Mania Institute
Ce vendredi 24 mars dernier se tenait au Tri Postal l’avant-première de Domus, une mini-série écrite,réalisée et produite par les jeunes de Tremplin, un des programmes proposés par le Series Mania Institute. Tremplin réunit vingt jeunes de la région recrutés par Pole emploi et la mission locale, avec un point en commun : une envie d’audiovisuel. Lancé en 2022, le programme n’exige aucun diplôme, et les participants sont recrutés parmi une centaine de candidats, à l’issu de plusieurs entretiens.
Point non négligeable, la formation est gratuite, et comprend des initiations à l’écriture, la technique, et le montage d’une série. Dans un Tri Postal fourmillant, la projection de la mini-série débute : au premier rang, Laurence Herszberg s’extasie en compagnie de Bernard Haesebroeck, vice-président de la Métropole Européenne de Lille. La MEL contribue en effet au projet, à hauteur d’une aide de 500 000 euros, et de la mise à disposition de locaux en plein Vieux-Lille, rue des Poissonceaux. Leur tentative de chuchotement parvient à peine à cacher leur excitation.
Si la MEL est aussi enthousiaste, c’est parce que ce financement s’inscrit dans une logique de dynamisation et d’attractivité du territoire en terme d’audiovisuel. Le but est de créer une formation unique en son genre, pour être capable de fournir la région en talents et en personnes compétentes, spécifiquement dans l’univers sériel. Les épisodes de cinq minutes s’enchaînent, traçant peu à peu les contours d’une série horrifique. Si le scénario n’est pas révolutionnaire d’inventivité, les images sont réfléchies, subtiles, témoignant d’un budget vraiment conséquent pour une production amateure. Cependant, lors des remerciements, les candidats de Tremplin se retrouvent noyés dans une liste de crédits, témoignant d’une participation potentiellement relative. De plus, le nombre de jeunes recrutés ne s’élèvent à pas plus de vingt. De quoi relativiser l’impact du programme, même si l’initiative possède l’avantage de l’unicité.