À Lille, des cabas remplis d’espoir pour les étudiants en difficulté

Début 2021, en pleine crise sanitaire, la France est confinée. Les universités ferment, les petits boulots s’arrêtent, et une partie des étudiants se retrouve brutalement sans revenus. C’est dans ce contexte d’urgence qu’est née 1 Cabas pour 1 Étudiant, une initiative citoyenne simple : permettre à des familles de parrainer des jeunes en difficulté en leur offrant un cabas de courses et un lien social.

 L’inflation, la hausse des loyers et la baisse des bourses fragilisent un modèle social devenu incapable de garantir à tous les étudiants des conditions de vie décentes. 
À Lille, l’association vient en soutien aux jeunes en situation de précarité alimentaire et sociale afin de les aider dans la réussite de leurs études, explique Marie Lasne, chargée de développer l’antenne lilloise depuis octobre. 
Arrivée dans la métropole en février 2025, l’association compte 41 parrainages actifs et 30 étudiants en attente d’un parrain ou d’une marraine.

Un étudiant prenant connaissance des initiatives de l’association 1 Cabas pour 1 Étudiant

Derrière chaque cabas, il y a bien plus qu’un simple don alimentaire. Les témoignages partagés par l’association en disent long sur la solitude étudiante et la valeur du lien retrouvé.
 « Moi, ce qui me manquait, c’était le lien social. Les courses, c’est génial, mais parler avec elle c’est encore mieux », confie Salomé, filleule à Villeurbanne.
 Un autre étudiant raconte : « Je ne me suis pas inscrit pour les cabas, mais pour créer un lien, parce qu’étant seul en France, je suis arrivé en plein Covid. » 
Ces témoignages rappellent que la précarité étudiante ne se résume pas à un manque d’argent : elle révèle aussi un besoin profond de lien, de dignité et de reconnaissance.

Pour Sylviane, 77 ans, marraine depuis 2021, la solidarité fonctionne dans les deux sens.  « Merci pour ces jeunes dans le besoin et la solitude… et merci pour moi, une grand-mère de 77 ans qui profite de ces moments forts de partage et d’amitié. »

Une association en devenir

L’enjeu, désormais, est de faire vivre ce lien dans la durée.  « Notre objectif pour les mois à venir, c’est de nous faire connaître », précise Marie Lasne. L’association intervient sur les campus, dans les écoles et auprès d’autres structures comme Cop1, qui organise des distributions alimentaires. Elle développe aussi des partenariats associatifs, financiers et avec des entreprises locales pour stabiliser son action.

Mais le défi est double : rendre visible la précarité sans la banaliser, et encourager l’engagement sans l’épuiser. 
Le cas de Lille illustre une réalité nationale : les aides citoyennes, aussi généreuses soient-elles, ne peuvent à elles seules combler les failles d’un système d’aide publique en recul.

En définitive, 1 Cabas pour 1 Étudiant ne se limite pas à remplir des sacs de courses : l’association redonne confiance, crée du lien et montre qu’une solidarité durable est possible. Et si ces gestes ne suffisent pas à effacer la précarité, ils prouvent qu’une autre façon de faire société existe : plus solidaire, plus humaine, plus proche.

Lilia Cabon

Photos: Manon Bachelay

Zoom

Le repas à 1 euro pour tous, mythe ou réalité ?

Le 29 octobre 2024, la députée Fatiha Keloua Hachi et plusieurs de ses collègues du groupe Socialistes et apparentés, ont déposé une proposition de loi qui vise à généraliser à tous les étudiants le repas à 1 euro dans les restaurants et cafétérias U. Jusqu’ici, ce droit était réservé aux étudiants boursiers et précaires. Ce qui représente 500 000 jeunes sur 3 millions d’étudiants selon Le Parisien.

Qu’en est-il de son avancement ? Les députés ont adopté la proposition socialiste le 23 janvier 2025 avec 86 % de votes en faveur, 3 % contre et 11 % d’abstention. Aujourd’hui, il est difficile de trouver des nouvelles plus récentes que janvier 2025 à propos de cette loi. A-t-elle été oubliée ? Après son adoption au Palais Bourbon, le texte est, dès le lendemain, envoyé au Palais du Luxembourg et semble s’y être enraciné. C’est la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport de la seconde instance qui s’est chargée du sujet. C’est à leur tour de l’examiner, or l’examen ne semble pas être prévu pour tout de suite. En octobre 2025, la commission ne s’est toujours pas penchée sur le texte. Un autre obstacle se présente à la loi qui coûtera 90 millions d’euros par an à l’Etat. La majorité du Sénat se compose de la droite et du centre qui sont opposés à cette mesure.

Le Crous craint que l’adoption de cette loi n’augmente la pression sur les restaurants avec des files d’attente interminables et que les restaurants n’aient pas la capacité de produire et de servir suffisamment de repas.

Le repas à un euro pour tous pourrait donc devenir une réalité mais pas pour cette année.

 Anaëlle Mercier

Vidéo réalisée par Marylou Da Costa

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