La solidarité n’est pas confinée!
En cette période de crise sanitaire, être enfermé chez soi ne semble pas tout à fait rimer avec isolement et autonomie forcée. L’enfermement se prolongeant, la créativité des confinés s’est décuplée et a donné le jour à une multitude de projets solidaires. Particuliers, associations ou établissements scolaires, tous participent et agissent pour faire vivre le Grand-Est.
Vous les avez entendus tous les soirs à 20 heures, ces applaudissements qui résonnent dans toute la France pour honorer les soignants en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. En Lorraine et en Alsace où le virus fait particulièrement rage, bien d’autres actions sont menées pour aussi lutter. Que ce soit pour fournir du matériel, lutter contre l’isolement ou aider leurs concitoyens, beaucoup s’activent pour garantir le bien-vivre.
En Lorraine, région rurale et à la population vieillissante, les solutions viennent de tous et de toutes les façons pour soutenir directement les populations, en plus des dons qui se multiplient pour les centres hospitaliers. Dans les Vosges, un spinalien, aidé du club de vélo 100% électrique WATT by VNP se sert de sa forme physique et de cet outil éco-responsable pour livrer des courses à domicile gratuitement. A Uckange, petite commune en Moselle, des membres du club de football avec d’autres soutiens ont créé une ligne téléphonique d’assistance aux personnes dépendantes leur permettant de se faire aider pour divers services. Voilà quelques solutions que certains ont trouvé pour se montrer plus humains, plus solidaires et ainsi maintenir le lien social.
Imprimantes 3D et visières : nouvelles armes contre la pandémie
Une autre initiative un peu plus technique a fleuri dans la région. Les écoles et entreprises disposant d’imprimantes 3D ont autorisé la production de visières de protection aux volontaires. Une vingtaine d’étudiants de l’Ecole d’ingénieurs d’Arts et Métiers de Metz se relayent chaque jour pour les élaborer. Il leur a fallu pas moins de 6 jours pour produire 852 visières. Même scénario au fablab du lycée Henry Loritz de Nancy où, en douze jours, deux anciens élèves venus s’investir ont pu distribuer 524 visières. La même initiative a vu le jour à la Blockchain Valley à Vittel et en Alsace au Lycée Schwendi proche de Colmar grâce à Guillaume Fonné, professeur en construction mécanique. Et cette idée n’est pas locale. A Lille ce sont des étudiantes de l’Ecole Centrale et de Polytech qui se sont aussi lancés dans cette opération en proposant des visières et d’autres pièces avant qu’elles ne viennent à être en rupture de stock (bouchons pour les bidons de solution hydroalcooliques, valves expiratoires).
D’une efficacité mesurée mais peu coûteuses et faciles à fabriquer, elles sont utiles pour les personnes moins exposées et même pour les soignants voulant se protéger davantage. Barrages contre les projections, ces visières complètent les gestes barrières (éviter de se toucher le visage par exemple). Cependant elles ne remplacent pas les masques FFP1 ou 2. Pour le moment il n’existe pas encore d’homologation ni d’uniformisation des procédés comme l’explique Emilien Schroeder, coordinateur du projet à Metz. Mais face à l’urgence il est compliqué d’imposer à de tels fournisseurs non-professionnels mobilisés dans la hâte, des consignes et normes telles celles données aux entreprises agrées. Données gratuitement, elles sont conçues à partir des dons reçus et des matériaux déjà mis à leur disposition.
Tous les héros ne portent pas de masques
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A ce jour ce sont des milliers de visières qui ont été distribués au corps médical, aux EPHAD, aides à domicile, pharmacies, gendarmes ou encore aux pompiers, tous aussi confrontées aux risques d’infection. Les soutenir est une question de bon sens pour Steven Lefrançois (fabmanager au lycée Loritz) et pour qui aider à sa façon est une évidence quand on en a la possibilité. Pour E. Schroeder, plusieurs facteurs ont été source de motivation comme la possible contamination de ses proches et l’ennui dû à l’enfermement. « C’est une action facile d’accès. Cela permet de faire quelque chose de bien et de très stimulant. […] Voir les gens se motiver c’est sympa. C’est une expérience enrichissante, un projet monstrueux et intéressant qui permet de se rendre utile !» confie-t-il.
La crainte de l’isolement provoquée par le confinement ne semble finalement pas tout à fait se réaliser. De même que dans des sociétés où l’individualisme croît il est impressionnant de constater tant de bienveillance et d’entraide spontanées. Beaucoup font tout leur possible pour contribuer à l’effort de guerre. Il semblerait globalement qu’en périodes difficiles l’homme ne puisse rester inactif, spectateur des événements. Comme quoi, en matière de solidarité, ce sont souvent les plus petits qui s’avèrent être les plus grands !
Vous pouvez suivre leurs projets sur Instagram : @fablabloritz @ae_ensam_metz
Juliette Deloy #ResteChezToi #StayAtHome
De l’amour en quelques clics!
Pendant cette période de crise sanitaire, les EHPADs connaissent des temps difficiles. Les visites extérieures sont interdites mais pas seulement, les rencontres entre certains patients sont aussi défendues. Ils sont donc isolées afin d’éviter la propagation du virus. La peur de la mort se combine alors avec cette solitude. C’est ainsi que dix cousins se sont trouvés un but : donner la possibilité d’envoyer des lettres à ces personnes âgées. 1 lettre 1 sourire est une des démarches solidaires, née pendant la pandémie. Le site a été lancé il y a quelques semaines mais il a déjà dépassé les 35 000 messages.
Le principe est simple il suffit d’écrire une lettre, envoyer une photo ou un dessin et le tour est joué. Si certains ne souhaitent pas écrire, un don est aussi possible. Ils servent à l’impression et à l’envoi des lettres ou aux remboursements des EHPAD qui préfèrent les imprimer depuis leur établissement. Le but est d’envoyer des mots positifs afin de remonter le moral des destinataires qui en ont bien besoin. On peut se demander si, quand le confinement et la crise sanitaire viendra à se terminer, le « virus de l’amour » se diffusera encore à travers ces lettres ? Le site 1 lettre 1 sourire perdurera-t-il dans le temps ?
Elisa Despretz
Instagram : @1lettre_1sourire
Site internet : https://1lettre1sourire.org/