Les P’tits doudous, héros de l’hospitalisation des enfants
Lancée en 2011 au CHU de Rennes, l’association de professionnels de santé Les P’tits Doudous participe à la réduction de stress en milieu hospitalier. Durant cette période de crise sanitaire, leurs actions sont devenues vitales pour le bien-être des plus jeunes.
L’aventure des P’tits Doudous débute lorsque Nolwenn Febvre, infirmière anesthésiste et actuelle présidente de l’association, se trouve désolée face à des enfants anxieux à l’hôpital. En 2011, elle crée alors l’association qui démarre ses actions en offrant un doudou aux enfants après leur opération. Les enfants sont alors récompensés d’avoir dépassé leurs peurs et leur courage est ainsi valorisé. Pour l’association, ce sont de vrais petits héros. En effet, en 2014, elle lance son application pour tablette Le Héros, c’est toi. Avec cette dernière, les enfants s’amusent à gonfler un ballon, remplissant symboliquement leur tensiomètre.
Nolwenn explique que pour déstresser les enfants il ne faut pas nécessairement leur faire oublier qu’ils sont à l’hôpital mais plus détourner leur attention des choses anxiogènes. Avec une autre de leurs applications, ils peuvent par exemple éviter une anesthésie générale à un enfant, en lui faisant visionner un dessin animé avec des casques de réalité virtuelle. Cette technique permet une immersion totale de l’enfant dans un monde imaginaire qui le détache de ses problèmes présents.
Le stress hospitalier en hausse avec la pandémie
En cette période de pandémie mondiale, l’anxiété à l’hôpital s’accroît, particulièrement chez les enfants. Le sourire rassurant des soignants est désormais caché derrière le masque, un geste qui ne fera pas barrière aux actions des Ptits Doudous, bien au contraire. Nolwenn confie qu’il faut justement, rester mobilisés pour les enfants et leur bien-être à l’hôpital en cette période des plus angoissantes.
Le cas de l’application Keep Contact
Keep Contact, est la nouvelle application des P’tits Doudous initialement prévue pour les parents, leur permettant de suivre leurs enfants sur leur smartphone pendant l’hospitalisation. L’application fonctionne par un système de tracking, où chaque enfant se voit remettre un bracelet QR code qui est scanné à chaque étape de son hospitalisation. Les parents peuvent ainsi suivre le parcours de leur enfant sur leur smartphone, “à la manière d’un suivi Chronopost” comme en rigole Nolwenn. Cela évite aux parents de patienter dans le flou et leur permettre ainsi de quitter l’hôpital et d’être prévenus quand ils doivent y retourner. En cette période de restrictions sanitaires, ce système pourrait alors s’élargir à tout patient afin de fluidifier la circulation à l’hôpital
“Les écrans remplacent des médicaments”
Critique souvent adressée à Nolwenn : l’usage des écrans, qui est vu parfois comme négatif. Ce à quoi elle répond que « les écrans remplacent des médicaments », et sont ainsi à prioriser pour le bien-être des enfants qui appartiennent déjà à une génération en lien avec le numérique. De plus, cette technologie porte ses fruits, il n’y a qu’à lire les nombreux témoignages de parents sur le livre d’or des P’tits Doudous.
Aussi, le concept de l’association a été repris par 84 hôpitaux, offrant aux P’tits Doudous un rayonnement national. Ils ont également reçu le soutien de nombreuses personnalités dont Emmanuel Macron.
L’association se finance en partie grâce au recyclage de matériaux médicaux, riches en cuivre. Alors si, lors de votre tri du confinement, vous trouvez des objets en cuivre, vous pouvez, vous aussi, en faire don dans l’un des points de collecte de l’association. Enfin, si vous voulez être réconforté par un P’tit Doudou, vous pouvez en faire l’acquisition sur leur boutique et permettre à un enfant hospitalisé d’en avoir un aussi. Finalement, le héros c’est toi !
Anaïs Godard
Les enfants et l’hôpital, une histoire d’anxiété
L’hôpital, du fait en partie de l’image véhiculée par les médias ou séries télévisées, est vecteur d’angoisse, de stress ou encore d’anxiété. Ce phénomène est décuplé chez les enfants, ce qui peut rendre le séjour à l’hôpital compliqué ou traumatisant. Plusieurs infirmières-anesthésistes de l’hôpital de Nantes nous expliquent que « la peur transmise par leur parent » est responsable en grande partie de ce stress. Néanmoins, outre cette ambiance anxiogène, les enfants ressentent également nombreuses angoisses et peurs.
Les parents ont tendance à avoir peur de la mort tandis que les enfants ressentent quant à eux, d’autres peurs avec l’inconnu en ligne de mire. Ils sont effectivement plongés dans un univers qui ne leur est pas du tout familier. L’environnement de l’hôpital, les professions qu’ils ne connaissent pas, le langage utilisé qui leur est étranger ou les multiples visages inconnus qu’ils rencontrent … Tout ceci crée un décor où ils manquent de repère, d’informations et de moyens pour s’adapter et comprendre.
Par ailleurs, il est compliqué pour les enfants de concevoir qu’ils doivent passer par la douleur avant d’être guéri, que les personnels soignants peuvent leur faire mal pour leur bien in fine. « La peur d’avoir mal » est ainsi l’une des peurs primordiales pour les enfants. Plus l’enfant est petit et plus elle sera grande car il aura du mal à se raisonner. De plus, l’incompréhension du traitement administré ou le souvenir négatif d’un soin antérieur comme un vaccin ou une précédente blessure peut renforcer cette peur de la douleur. « Pour les tout petits, c’est la séparation » qui est « très anxiogène », détaillent les infirmières. Une séparation avec les parents qui peut malgré tout être facilitée par le travail de nombreuses associations à l’instar des P’tits Doudous.
Manon Hilaire