À Lille, la mairie distribue des fournitures scolaires pour gommer les inégalités
Robin Le Cornec
Posted On 22 novembre 2021
En septembre, la mairie de Lille donnait aux élèves des 105 écoles maternelles et primaires de la ville leurs fournitures scolaires gratuitement. Deux mois plus tard, retour sur cette mesure, promesse de campagne de Martine Aubry, réélue maire en 2020.
C’est un passage obligé. Tous les étés, les supermarchés se parent de leurs habits scolaires pour vendre les fournitures. Crayons, stylos, cartables, colles, trousses… tant de matériel et tout un budget pour les familles. Mais le 29 juin dernier, la mairie de Lille a décidé de fournir directement aux élèves des écoles maternelles et primaires leurs fournitures scolaires.
Un objectif municipal d’égalité
Parmi les divers objectifs de cette mesure municipale, la lutte contre les inégalités au sein de la ville est importante. Un positionnement essentiel de la mairie, dirigée par Martine Aubry, maire PS de la ville depuis 20 ans. Entre les quartiers du centre de la ville (le Vieux Lille, Lille-Centre) et ceux de la périphérie (Lille-Sud ou Fives), il y a de fortes inégalités démographiques, que plusieurs associations combattent. C’est contre ces inégalités que cette initiative a été portée par la mairie.
La distribution de fournitures s’est donc faite à la rentrée dans toutes les salles de classes. Dans le budget 2021 de la ville, 80 000 € sont dédiés à la « gratuité du cartable ». Répartis entre les 13 000 écoliers de la ville, le coût de l’opération revient à 30 € par élève de maternelle et 46,50 € par élève de primaire selon les calculs de la mairie. En zones « d’éducation prioritaire » (ZEP), l’investissement est plus élevé, respectivement 35 € et 51,50 € par élève. Selon le service communication de la mairie, « cette mesure permet de garantir aux enfants un accès égal aux fournitures scolaires ».
Cette mesure a été plutôt bien accueillie par les familles et parents d’élèves lillois, qui n’ont cependant été prévenus de l’initiative qu’en fin d’année scolaire dernière. Si certains parents regrettent un peu de ne plus faire ces courses de rentrée – l’initiative bouleverse profondément habitudes et rituels – ce n’est pas le cas de tous. Pour une mère d’élève de CE2, l’initiative a permis de faire « un peu d’économies et surtout d’être soulagée, de ne pas avoir les courses à faire, les fournitures à chercher ».
Un bilan mitigé mais malgré tout positif
Cette mesure à aussi permis de centraliser la répartition budgétaire des fournitures scolaires. De la gomme au cahier, les fournitures ont été choisies et commandées par la mairie. Ce que regrette un enseignant, qui a préféré rester anonyme : « Ce n’est pas fait en complète harmonie avec les besoins qu’on a nous ». Un point noir dans cette initiative, même si la ville assure avoir établi la liste en concertation avec enseignants et directeurs d’école. Pour ce même enseignant, l’initiative s’approche d’un « coup de comm’ ».
Les parents d’élèves ont eux été prévenus de cette initiative en fin d’année scolaire dernière, et elle est plutôt bien perçue. Si certains parents regrettent un peu de ne plus faire ces courses de rentrée – l’initiative bouleverse profondément habitudes et rituels – ce n’est pas le cas de tous. Pour une mère d’élève de CE2, l’initiative a permis de faire « un peu d’économies et surtout d’être soulagée, de ne pas avoir les courses à faire, les fournitures à chercher ». Dans les retours les plus critiques, des parents d’enfants scolarisés dans des écoles plus « favorisées » de la ville estiment que ces finances devraient être mieux réparties et profiter aux quartiers moins aisés.
L’initiative égalitaire est cependant moins équitable. Dans les retours les plus critiques, des parents d’enfants scolarisés dans des écoles plus « favorisées » de la ville estiment que ces finances devraient être mieux réparties et profiter davantage aux quartiers moins aisés, des quartiers où l’initiative est perçue comme une « bonne nouvelle ». La mesure municipale a en effet permis d’aider bon nombre de familles lilloises.
Par Matthieu Launois.
Pour aller plus loin :
Les prix des fournitures scolaires sont-ils en hausse cette année ?
La crise sanitaire a rendu difficile l’approvisionnement des matières premières nécessaires à la fabrication des fournitures scolaires. Mais attention, pas toutes ! Les prix des vêtements de sport ont, en effet, gonflé à cause de ce défaut dans la chaîne de production. Indispensables pour la pratique de l’éducation physique et sportive, ces fournitures ont demandé plus d’investissement aux parents que d’ordinaire. Néanmoins, cette hausse est contrebalancée par la baisse des coûts en ce qui concerne les fournitures classiques : l’Association des industriels de la papeterie et du bureau (AIPB) indique une baisse de 1,5% des prix des accessoires et de 4,6% des prix des cahiers et du papier. Les aides apportées par les collectivités telles que les fournitures scolaires fournies par la ville de Lille sont malgré tout appréciées par les ménages, car la prime d’allocation de rentrée de 100 euros versée en 2020 par le gouvernement aux familles « n’a pas été reconduite » cette année explique Johan Jousseaume, responsable du pôle Éducation Parentalité Citoyenneté Enfance à la Confédération Syndicale des Familles. De plus, l’organisation syndicale constate une légère augmentation du coût de la scolarité en 2021, s’élevant à +0,75% par rapport à 2020. De ce fait, les familles trouvent des solutions : la réutilisation des fournitures d’une année sur l’autre et l’achat par lot sont des phénomènes qui s’accroissent.
Alice Lejeune.
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