Les “low-tech” modifient notre rapport à l’innovation
Posted On 24 novembre 2021
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Les basses technologies ou « low-tech » s’inscrivent parfaitement dans les enjeux climatiques et participatifs contemporains. Elles proposent des modes de production plus sobres et rapprochent l’utilisateur des techniques en les rendant appropriables.
Au sujet brûlant du réchauffement climatique, le GIEC alarme, les dirigeants discutent, la low-tech solutionne. Les low-tech, par opposition aux hautes technologies énergivores appelées « high-tech », sont des basses technologies utiles, accessibles et durables. En 2014, l’ingénieur centralien Philippe Bihouix publie l’ouvrage intitulé L’âge des low tech : Vers une civilisation techniquement soutenable dans lequel il conçoit ces logiques comme une solution collective au « mirage des innovations high-tech ». En finir avec une société d’abondance pour emprunter le chemin d’une sobriété solidaire, voilà le projet laborieux mais nécessaire que proposent les low-tech. Cela peut paraître utopique tant notre société est marquée au fer rouge par le désir de consommer. Pourtant, du four solaire que l’on installera au fond du jardin, à la voiture fabriquée à partir de matériaux composites biosourcés et recyclables dans une petite usine locale, les innovations low-tech ont le vent en poupe.
Dans un discours prononcé le 12 juillet dernier, Emmanuel Macron souhaitait « réconcilier la croissance et l’écologie de production ». La philosophie low-tech propose plutôt de reconsidérer nos besoins. Les low-tech permettent de « repenser nos objets du quotidien, repenser notre consommation, notre vision de ce qui est utile et ce qui ne l’est pas », explique Florian Vireton, coordinateur du « Makerspace » au Low-Tech Bordeaux. Des idées ingénieuses amènent à la création de choses simples et fonctionnelles. Au sein du « Makerspace », Florian Vireton explique que l’objectif est de prouver qu’il existe « quelque chose qui fonctionne mieux, qui consomme moins, qui dépense moins d’énergie et qui demande moins de matériaux ». Les low-tech ne font pas la guerre au high-tech, « les deux peuvent aller ensembles » mais les technologies doivent répondre à des nécessités plutôt qu’à des fantaisies.
Les low-tech sont aussi des techniques qui repensent notre rapport au savoir-faire. Pour Anne-Sophie Leroux, co-fondatrice de l’association nantaise la BricoLowtech, « tout seul on ne sait pas faire grand chose ». Son association travaille sur la low-tech pour « mutualiser les ressources et mettre en commun les compétences des habitants du quartier Nantes Sud ». C’est cet aspect convivial de la philosophie low-tech qui peut « donner envie de changer ses habitudes » et de « s’en sortir mieux collectivement », précise-t-elle. En faisant des savoir-faire individuels, une richesse collective par la transmission, la Brico Lowtech ouvre la voie à l’« économie de partage ».
Pour Florian Vireton, dont la vision du low-tech est davantage basée sur une « réflexion d’innovation » et non de bricolage, les low-tech doivent être « plus appropriables par l’ensemble des publics ». Cette démocratisation passe par la sensibilisation et des formations très concrètes où le citoyen va mettre la main à la pâte en fabriquant, par exemple, une jardinière autonome. C’est, explique-t-il, une « autonomisation à petite échelle ». In fine, même les projets de recherches les plus poussés doivent être accessibles via la mise en ligne de documents « open source ».
Olga Poyet
Thomas Vandamme
Ce samedi matin à la Maison de l’Habitat Durable de Lille, les mains bricoleuses s’affairent autour d’appareils électroniques disséqués, manipulent les fusibles et examinent les pièces détachées. Contre un micro-ondes récalcitrant, les bénévoles s’arment de leur détermination… et d’un tournevis. Alexandre Debreuck, président de l’association Le Jardin des Bennes, revient sur la mission initiale du Repair Café et les conditions de sa pérennité.
Comment s’organise l’atelier de réparation et quel est son but ?
L’association travaille sur la réduction des déchets et lutte contre le gaspillage. L’objectif est de rassembler entre 10 et 15 réparateurs bénévoles sur chaque Repair Café. Souvent, la réparation est une passion qu’on a seul, on bricole dans son garage. J’étais persuadé qu’on pouvait retrouver dans un quartier des personnes aux compétences complémentaires pour tout réparer. Quand on met en commun, ça envoie du rêve.
Hormis les bienfaits environnementaux, quel est l’avantage à réparer son ordinateur auprès de bénévoles plutôt que de le jeter pour en acheter un neuf ?
La motivation n’est pas forcément l’écologie ou l’environnement, mais plutôt le sentiment de se faire arnaquer quand un appareil tombe en panne rapidement. Je me souviens d’une dame qui est venue pour son grille-pain, je l’ai remerciée parce qu’elle a décidé de passer deux heures ici au lieu de jeter son appareil pour en acheter un autre dans un supermarché. Elle a contribué à rendre utile l’organisation du Repair Café.
Elodie Niclass
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