Donner du sens à sa vie étudiante : le parcours de bénévole de Mathilde
Mathilde est étudiante en licence de sciences politiques à l’université de Lille 2, mais aussi bénévole dans l’association Utopia 56, qui vient en aide aux personnes exilés, et notamment aux mineurs non-accompagnés (MNA). Elle concilie ainsi engagement associatif et revendications militantes avec ses études.
En janvier dernier, le candidat à l’élection présidentielle Éric Zemmour avait été condamné à 10 000 euros d’amende pour des propos qu’il avait tenus sur la chaîne de télévision CNEWS. Il avait provoqué un tollé en affirmant en 2020 que les mineurs isolés “n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs“. Des propos qui avaient choqué tout en résumant l’ensemble des préjugés pesant sur les MNA diffusés dans la presse et dans les discours politiques. S’il y a bien un acteur que ces généralisations mensongères ont interpellé, c’est bien l’association Utopia 56. Fondée en 2015, celle-ci se mobilise pour apporter un suivi administratif et juridique, un hébergement solidaire et des vivres aux exilés, notamment aux mineurs isolés. Des engagements dans lesquels Mathilde s’est reconnue.
Un équilibre entre études et engagement associatif
Engagée depuis la rentrée scolaire de septembre 2021 dans l’association Utopia 56, Mathilde témoigne : « On te fait confiance, on te donne des responsabilités : ça m’apporte beaucoup sur le plan personnel et ça me donne confiance en moi. » S’engager dans une association, c’est donc aussi recevoir certains avantages, qui récompensent l’investissement individuel. Sur les campus, les associations placardent des affiches pour appeler les jeunes étudiants à les rejoindre. Toutefois, donner de son temps lorsqu’on est plongé dans ses études et même parfois dans un travail en parallèle, ce n’est pas un choix que beaucoup d’étudiants font ou sont en capacité de faire. Ainsi, en France en 2019, selon France Bénévolat, 22 % des 15-34 ans étaient bénévoles en association, contre 31 % des plus de 65 ans.
La raison principale qui freine l’engagement, c’est le manque de temps. « Ce qui est génial avec Utopia, c’est que l’on peut donner de son temps et de son investissement comme on le peut et on le veut », rassure Mathilde. Selon son expérience à Utopia 56, il n’y a pas d’injonction à s’investir constamment dans les différentes activités proposées par l’association : « Personne ne va t’en tenir rigueur si tu ne fais rien pendant deux semaines parce que tu ne vas pas bien ou que tu as d’autres choses à faire. »
Militer pour défendre ses revendications
« Protéger l’enfant, c’est une chose fondamentale pour moi », affirme Mathilde. En s’engageant dans l’association Utopia 56, elle participe à des actions de terrain : collectes alimentaires, formations, ou maraudes sociales, durant lesquelles les bénévoles se rendent directement sur les lieux de campements des migrants pour leur apporter un suivi, les rediriger vers des centres de soins… Mathilde est aussi parfois d’astreinte : pendant 24h, accompagnée d’une autre personne, elle répond aux appels reçus sur le téléphone de l’association, une tâche particulièrement difficile et épuisante.
« La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », affirmait le président de la République Emmanuel Macron lorsque 27 migrants avaient trouvé la mort dans un naufrage au large de Calais. Des propos que Mathilde juge hypocrites : « Il y a un décalage entre le fait que des mineurs soient laissés dans la rue et les déclarations des décideurs politiques qui parlent d’égalité et de dignité. » À travers son bénévolat à Utopia 56, Mathilde vient en aide aux mineurs non accompagnés (MNA). Lorsqu’ils arrivent sur le territoire français, ceux-ci doivent passer une « évaluation de minorité », durant laquelle les travailleurs sociaux attestent ou non de la minorité de l’exilé. Si cette évaluation est validée, le mineur est pris en charge par l’aide à l’enfance. Sinon, il peut faire un recours en justice pour contester cette décision. Utopia 56 intervient alors pour accompagner ces jeunes dans leurs démarches. Toutefois, pour Mathilde « les associations comme Utopia, ce sont seulement des pansements : elles ne règlent pas le fond des problèmes que rencontrent les exilés ».