Lille accueille le rendez-vous du rire
Posted On 18 octobre 2019
0
1.8K Views
Du 2 au 6 octobre, Lille a vibré au son des rires nombreux des spectateurs venus assister à la 2e édition du festival Cinécomédies. Avec Michel Blanc en grand invité, la comédie est poussée sur le devant de la scène.
Depuis 2 ans, le festival Cinécomédies ensoleille l’octobre lillois. Pour Jérémie Imbert, le fondateur, le but est clair : mettre la comédie en lumière. Cette initiative séduit puisqu’elle a déjà conquis près de 12 000 spectateurs l’an passé et a quasiment doublé ce chiffre cette année avec 21 000 festivaliers. Pour cela, le Cinécomédies met à l’honneur Bertrand Blier, le cinéma belge mais surtout Michel Blanc : invité central de cette édition.
Avec une programmation éclectique allant de La Folie des Grandeurs (1971) de Gérard Oury à OSS117 Rio ne répond plus (2009) de Michel Hazanavicius, en passant par les films cultes de la filmographie de Jacques Tati et Bertrand Blier, le festival propose de faire redécouvrir les grands moments du cinéma comique. Néanmoins les films à l’affiche appartiennent majoritairement au passé. Les films contemporains sont moins présents comme si la comédie était bercée par la douce nostalgie des dialogues d’Audiard et des grimaces de De Funès. Pour l’équipe du festival, la volonté première de faire connaître la comédie est dépassée par le regret de sa forme d’antan. Et quand on demande à Bertrand Blier ce qu’il pense du cinéma comique actuel il répond nerveusement « J’m’en fous, la comédie va mal, ça fait quarante ans qu’on le dit. » Pour tous les invités le constat est le même. « Le second degrés devient difficile, c’est dommage », explique Michel Blanc. Justement le Cinécomédies tente aussi de mettre en avant les nouveaux auteurs, dialoguistes et acteurs de talents qui peuplent la nouvelle génération du cinéma français. Cet événement devient alors une fenêtre à double entrées permettant une connaissance des classiques mais aussi des futurs ambassadeurs du cinéma comique, notamment avec le prix Cinécomédies Talents.
Le Cinécomédies est aussi porteur d’un message important : il est grand temps de redonner ses lettres de noblesse au cinéma de l’humour. Trop souvent mise de côté, le plus généralement exclue des grandes manifestations comme le festival de Cannes, la comédie est un genre mésestimé que l’on ne considère ni beau, ni fin. Inhabituel, en somme, du champ orgueilleusement politique et parfois élitiste du cinéma récompensé. Michel Blanc s’en attriste : « Il y a une certaine gène à la mise en place de l’humour, la comédie c’est un peu ce que l’on jette aux pauvres. » Pourtant, il dira plus tard que la comédie est le propre même de la complicité. Le Cinécomédies tente de faire passer ce signal d’alarme. Le cinéma de l’humour n’est pas gras, vulgaire ou râble. Il prône une maîtrise des mots, connaît les croyances collectives, joue avec les corps et le sexe avec impunité.
La comédie, c’est finalement le cinéma de la liberté. Une liberté bien longtemps regardée avec mépris et désormais encouragée par le Cinécomédies qui ambitionne de réveiller une transmission générationelle des traits d’esprit et des pitreries du corps. Le festival souhaite ouvrir la voie à un renouveau de ce cinéma qui a tant à donner. Bertrand Blier, pour qui l’audace et le culot n’ont plus de secret, conclut sa masterclass en clamant qu’ « il ne faudrait jamais se retenir de faire de l’humour, jamais. » Se libérer donc, briser les règles et les tabous, casser l’image d’un cinéma de bas étage : c’est tout ce que revendique le Cinécomédies, et quel plaisir pour ses festivaliers.
Julie Marty
Bertrand Blier, les femmes et la comédie
Regarder Les Valseuses en 2019, c’est un peu comme faire un retour en arrière : la révolution féminine de Bertrand Blier se veut légèrement contradictoire avec les aspirations féministes d’aujourd’hui. La révélation des femmes par les hommes, ce n’est plus tellement dans l’air du temps. Ce qui amène à un questionnement : quelle place les femmes occupent-elles dans le cinéma de comédie ? Blagues salaces, répliques misogynes, la comédie ne relèverait-elle pas d’un certain androcentrisme ? A ce sujet, Bertrand Blier se défend : « Il y a autant d’hommes que de femmes dans mon cinéma. On entend souvent que j’ai été misogyne, peut-être que je l’ai été, mais ça m’est vite passé. », « Les femmes aussi ont envie de se marrer. » Et oui, pourquoi pas ? Nous sommes passés par une transition entre la femme objet de la comédie à l’actrice, c’est ce que nous montraient Josiane Balasko dans Les Acteurs (1999), ou Anémone dans Le mariage du siècle (1985), il y a déjà 30 ans. Aujourd’hui, Camille Cottin, Alice Pol ou encore Isabelle Nanty confirment la place légitime de la femme dans le ciné-comédie.
Louise Chevillard
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
pour plus d'infos