De Plein Droit et l’importance des droits sociaux en France
En septembre 2020, Théo Fouquer, étudiant de 18 ans en licence de Sciences Sanitaires et Sociales à l’Université Catholique de Lille, officialise le statut de son association, De Plein Droit. Celle-ci a pour but de permettre à la population de mieux connaître ses droits sociaux, une notion floue pour certains et pourtant omniprésente dans la vie des Français.
En 2012, le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Thomas Thévenoud, avait payé de la transparence imposée sous le mandat de François Hollande. Condamné en 2018 pour fraude fiscale, il avait alors invoqué une raison qui lui aura valu bien des moqueries : une phobie administrative. Réalité psychologique ou excuse loufoque, ce terme soulève pourtant bien des questions. Même si la lexicologie psychiatrique ne le compte pas comme étant une véritable phobie, il s’agit là bien d’une anxiété présente chez les Français au moment de remplir les impôts ou de commencer une démarche administrative. À l’origine de cette angoisse, il peut y avoir un blocage dû à une surcharge de démarches, dans lesquelles il est facile de se sentir perdu. Et ce blocage ne se limite pas seulement aux impôts, même si ceux-ci sont la source la plus courante d’angoisse : dans une situation compliquée qui justifie une éligibilité à certaines aides, il est compliqué de connaître la démarche à accomplir.
C’est d’ailleurs le cas d’un des proches de Théo, malade, qui s’est retrouvé dans l’incapacité de travailler. La recherche des prestations sociales dont il pouvait bénéficier s’est avérée plus compliquée que prévu : de quelles aides peut-on bénéficier ? Vers qui se tourner ? De quels documents a-t-on besoin ? Une foule de questions qui promet souvent une démarche longue et tortueuse : “Il faudrait mettre en place une simplification de la protection sociale, et faire en sorte que les personnes qui sont dans le besoin puissent toucher ces prestations plus facilement.” Une complexité administrative que le gouvernement d’Emmanuel Macron a souhaité régler avec la mise en place du revenu universel d’activité, qui vous est expliqué plus en détail dans notre vidéo.
Dès lors, la question de l’assistanat s’impose comme une réalité que Théo admet : “On a des droits mais aussi des devoirs.” Là où certaines personnes se voient motivées par une aide financière, d’autres ont plus de peine à se remettre en marche. Selon Théo, cela vient d’un manque d’aide dans l’orientation.
Trouver son projet professionnel
Ne pas trouver son projet professionnel, c’est l’angoisse de nombreux lycéens et étudiants qui ont peur de se tromper de branche, d’autant plus depuis le début de la crise sanitaire. Quelques initiatives sont mises en place à partir du collège : le stage de 3e, des cours d’orientation qui deviennent plus réguliers au lycée, et un accompagnement tout au long de la terminale. Mais pour de nombreux lycéens, l’angoisse de se tromper de parcours reste toujours présente. Théo déplore le fait que peu de lycéens sont informés de la présence d’une conseillère d’orientation du CIO (le Centre d’Information et d’Orientation), qui propose une évaluation et à partir de celle-ci, une liste de débouchés correspondants. En plus d’être méconnu, la qualité de ces conseils sont variables en fonction de l’investissement de chaque conseiller, qui n’hésite pas à dissuader les élèves si leur dossier n’est pas au niveau. C’est ainsi qu’une grande majorité de collégiens et de lycéens s’informent sur leur orientation future par le biais d’internet ou de leur famille. Ils valorisent également les stages, une expérience d’immersion qui n’est pourtant pas valorisée au lycée.
C’est au lycée que Théo a trouvé ce projet qui l’amènera à créer son association. Après un passage chez la conseillère d’orientation du CIO, son choix se porte sur les sciences sanitaires et sociales, une branche qui mène notamment à la direction des agences sanitaires et des EHPAD. Une licence déjà liée à son association, dont l’idée n’est même pas encore née pour l’heure. Pour l’instant, tout ce qu’il sait, c’est qu’il veut monter un projet.
Il ne manque que l’idée, qui lui vient durant l’été au cours d’une conversation avec son grand-père, ancien maire de Perrancey-les-Vieux-Moulins, village de 300 habitants dans la Haute-Marne. Il lui soumet une question simple : “Imagine que tu travailles, et du jour au lendemain, tu te retrouves au chômage. Qu’est-ce que tu fais ?” Quand Pôle Emploi devient la seule réponse qui s’impose à lui, Théo se rend compte du manque de sensibilisation en matière de droits sociaux. Un lycéen peut se retrouver soudainement plongé dans la vie active, et alors commence un chemin autodidacte sur la manière de remplir des dossiers administratifs.
La concrétisation du projet
En août 2020, Théo Fouquer crée donc une association qui a pour but d’instruire les élèves et les étudiants dans leurs établissements scolaires respectifs afin de mieux connaître leurs droits sociaux. En février 2021, l’association est encore au stade de conception du projet. “Il faut savoir à qui on a affaire, sonder les établissements, savoir à qui on va s’adresser pour pouvoir leur offrir les informations dont ils ont besoin.” Un projet qui devrait se concrétiser l’année prochaine avec des visites au sein des établissements pour de la sensibilisation sur différentes thématiques quotidiennes : la santé, l’emploi et l’insertion, le logement, le droit et le budget ainsi que la consommation. Interrogé sur son association et son avenir, Théo répond : “Cette association c’est mon bébé, le but serait de plaider pour la promotion des droits sociaux dans les programmes de l’Éducation nationale.” Un projet ambitieux qui prendra du temps à se mettre en place, mais que d’aucun se rassure, les Lillois seront les premiers informés de ses évolutions.
Dans le cadre de la conception du projet de l’association, un sondage a été créé afin de mieux connaître le public concerné. Vous pouvez aider la démarche de l’association en remplissant ce sondage, peu importe votre âge, votre profession ou votre localisation :
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSf1aeM5pFb4c8LLvrIALRHabztXLu-TnZ7ZJt7Hs38wL0MjyQ/viewform
Jeanne Leriche
Zoom sur les droits sociaux en France
C’est un des fondements de notre système juridique depuis la Révolution Industrielle. Pourtant, l’administration complexe rend les actions de protection sociale encore mal connues de nos jours.
L’Etat français régit l’emploi et ses citoyens autour de règles et institutions garantissant la plus juste approche de chaque situation de vie. Que vous soyez étudiant, en recherche d’emploi, d’un logement ou encore à la retraite, des organismes se proposent de vous accompagner selon les subventions nécessaires.
Le droit du travail, la Sécurité et Protection Sociale ou encore la mutuelle normalisent l’aide à chacun depuis le XIXe siècle. Avant cela, il fallait surtout compter sur la charité ou l’aide religieuse en cas d’extrême nécessité. Les ouvriers français ont depuis revendiqué l’obtention d’un accès à la santé, à l’éducation, ou encore à de meilleures conditions de travail. L’intérêt général de ce principe s’appuie sur le mérite à chacun d’aborder chaque situation dans la plus grande justesse et dignité, loin de l’exclusion et de la pauvreté.
A travers des cotisations et un important budget d’Etat dédié, on garantit un soutien voire un dédommagement en cas de sinistre. Ces prestations ne se limitent pas au financier. Des fonctionnaires sont chargés de diriger chacun vers la meilleure option proposée selon le besoin, dans le domaine précis : le CSE (Comité Social et Économique) ou encore Pôle Emploi guide les travailleurs, la carte Vitale prend régulièrement en charge des frais médicaux, et le CROUS chapeaute l’accès aux besoins liés aux étudiants universitaires par exemple.
Les services public et privé sont en effet nombreux et paraissent généralement peu accessibles : Théo Fouquer tout comme l’Etat l’ont bien compris, et ce dernier propose d’ores et déjà de se rendre sur le site officiel pour connaître ses droits dans sa situation.
Léa Carré