Restaurer ses chaussures, cette solution durable pour s’habiller responsable
Abes Shoes Cleaner est une entreprise locale située à Lomme qui rénove et restaure des chaussures. Quentin Abes, qui l’a créée il y a de cela un an, propose à ses clients une alternative responsable, économique et durable à l’achat de nouvelles paires de chaussures en donnant une nouvelle vie aux anciennes.
L’industrie du textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde, et avec l’essor fulgurant de la fast-fashion, de plus en plus de Français décident de limiter leur impact sur l’environnement via des alternatives responsables, locales et peu coûteuses.
Mais là où beaucoup se dirigent vers les friperies pour refaire leur garde-robe, peu achètent des paires de chaussures déjà portées, car la taille d’une chaussure s’adapte au pied de celui qui la porte. Et c’est justement afin d’éviter que nos chaussures finissent jetées et remplacées que Quentin Abes, créateur de l’entreprise locale Abes Shoes Cleaner, nettoie, repeint et restaure les paires usées de ses clients, leur donnant une nouvelle vie grâce à son savoir-faire. Une idée simple et responsable qui offre, à son échelle, une nouvelle façon de marcher.
Une industrie qui pollue
Juste après le pétrole, l’industrie du textile s’impose comme la deuxième plus polluante au monde. Les chiffres sont discutés, mais les différentes études estiment qu’elle représente au moins 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (environ 1,7 million de tonnes par an).
Mais le textile ne participe pas uniquement au réchauffement climatique, il est aussi le troisième consommateur d’eau dans le monde après le blé et le riz. Cet impact conséquent sur l’environnement est intrinsèquement lié au développement et à la lucrativité de la fast-fashion, cette « mode jetable » qui repose sur la production d’immenses quantités de vêtements de mauvaise qualité par une main d’œuvre sur-exploitée et permet des prix records et attractifs.
À l’échelle individuelle, peu nombreuses sont les solutions durables pour limiter notre impact sur l’environnement, et même si la seconde main permet à énormément de Français de limiter ces dégâts, beaucoup continuent d’acheter plusieurs paires de chaussures neuves chaque année et de jeter leurs anciennes à la poubelle (environ neuf paires jetées chaque minute en France).
Une alternative responsable
En France, nous ne recyclons pas assez nos chaussures. 400 millions de paires sont achetées chaque année et 9 sur 10 finiront dans nos poubelles. Pour Quentin Abes, la solution à ce problème est simple : « On arrête de jeter et on essaie d’entretenir le plus longtemps possible. »
Afin d’assurer un service durable et de qualité, le restaurateur fait parfois appel à un cordonnier. « Quand je parle de restauration, on va repeindre, reteindre, mettre quelques points de colle.. ensuite on va vraiment tomber dans le domaine de la réparation où il va falloir changer des pièces, recoller des semelles entières etc. Dans ce domaine-là, je travaille avec un cordonnier, c’est encore une autre expertise. »
Le travail est rapide, « entre un quart d’heure et une demi-heure ». Des paires pourtant âgées et usées ont pu voir leur espérance de vie « doubler » dans son atelier, « certaines étaient à deux doigts de finir à la poubelle ou au fond d’un placard ». La restauration se montre ainsi une solution afin de limiter son impact sur l’environnement sans avoir à s’inquiéter de trouver chaussure à son pied.
Une solution économique
« Aujourd’hui on est dans l’upcycling, beaucoup de magasins de marque ferment car les gens commencent à acheter des vêtements d’occasion. »
– Quentin Abes
Avec le temps, la responsabilité vis-à-vis de l’environnement prend plus de place dans nos vies, et énormément de Français se prêtent à la réutilisation pour se vêtir, « comme pour la seconde main, la restauration de chaussures représente également un moyen durable de faire des économies ».
Le cordonnier avec qui Quentin travaille lui permet de réaliser tout type de réparations, peu importe la chaussure, en assurant un rapport qualité-prix très intéressant pour ses clients car il ne fait pas de marge sur les services de l’artisan qu’il sollicite.
Avec des tarifs allant de 15 à 25 euros par restauration, redonner vie à ses chaussures permettrait ainsi selon lui à ses clients de faire jusqu’à 25% d’économies par an.
Pouvoir porter ses chaussures plus longtemps est par conséquent non seulement bénéfique pour l’environnement, mais aussi pour son argent. Il s’agit d’une alternative simple et pratique à l’achat de chaussures neuves.
Restaurer ses chaussures peut cependant représenter un coût pour certains, et d’autres solutions comme les friperies solidaires existent si l’on souhaite s’habiller de manière peu coûteuse et responsable.
Yacine Nouichi
Zoom
L’essor des magasins de seconde main en France
Depuis quelques années, le marché de l’habillement d’occasion a connu un progrès considérable. De plus en plus de particuliers s’y intéressent, notamment via les friperies. Nombreuses sont les applications qui permettent aujourd’hui à ce marché de croître encore plus : telles que Vinted, Vide-Dressing, ou encore Depop. Grâce à elles, vendre et acheter des biens d’occasion depuis chez soi est on ne peut plus simple.
En plus de son côté pratique, chiner a un rôle important dans l’économie de ses pratiquants. Dans une période de crise économique, cela permet de redonner du pouvoir d’achat. Une source de revenu qui peut aider à arrondir les fins de mois difficiles pour les vendeurs les plus assidus. Selon une étude de l’Observatoire Cetelem, les Européens qui vendent régulièrement d’occasion gagnent en moyenne 77€ par mois.
Le marché de la seconde main est en hausse, et ce surtout en Europe. 80 % des Européens de moins de 35 ans on vendu au moins un bien d’occasion au cours de l’année écoulée. Ce dispositif qui permet d’acheter moins mais mieux est en train de devenir un effet de mode à la fois économique et écologique.
Le marché de l’occasion permet également de lutter contre la pollution massive des grandes entreprises textiles. Il contribue aussi au boycott que certains souhaitent voir mis en place contre ces grandes entreprises, dont un grand nombre est ou a été récemment accusé de faire travailler ses ouvriers dans de mauvaises conditions de travail.
Thibault Guiguen