Au Lavoir, une pratique innovante de l’insertion professionnelle
Posted On 18 janvier 2022
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10h30, dans la brume matinale lilloise. A quelques pas du métro Montebello, Au Lavoir et son open space chaleureux nous ouvre ses portes. Au cœur de ce quartier populaire de Lille, l’association propose son aide et son écoute aux habitants du coin. Dans un département où le taux de chômage et le taux de pauvreté font partie des plus élevés de France, les initiatives de la sorte se multiplient.
L’association a été fondée en 2012, pour répondre à un besoin de machine à laver. En effet, certains habitants du quartier n’avaient pas la place ou les moyens d’en avoir une chez eux. Suite aux réclamations, cette laverie solidaire a ouvert ses portes et met à disposition des machines, des sèche-linges et des centrales vapeurs. Le prix est adapté aux ressources de chacun et l’objectif est de retrouver « le principe du lavoir d’antan et son aspect social », souligne Laurence Delbarre, responsable de l’association. « On profite que les gens s’occupent du linge pour discuter et les aider dans leur tâches administratives », ajoute-t-elle.
Au Lavoir a également lancé des ateliers manuels où les participants fabriquent différents objets à partir de matériaux recyclés. Ces ateliers sont imaginés et encadrés par deux travailleurs en contrat à durée déterminée d’insertion. La responsable nous présente fièrement les dernières réalisations : des tortues fabriquées à partir de morceaux de cannettes recyclées. Aussi, un jardin partagé se développe dans la petite cour attenante, afin de rendre le lieu plus accueillant.
Au Lavoir accueille également vingt bénéficiaires du RSA avec un objectif de remise à l’emploi. Avant la crise sanitaire, les rencontres hebdomadaires et collectives permettaient des échanges d’expériences entre les participants. « On organise aussi des rencontres avec les employeurs afin que les demandeurs d’emploi comprennent ce qui est recherché sur le marché du travail », explique la responsable. Désormais, les entretiens sont individualisés ce qui amène moins de liens et de partages d’expérience. L’aspect social a passé la marche arrière à cause du virus.
Devenu atelier et chantier d’insertion récemment, l’association enregistre 60% de sorties positives, c’est-à-dire de personnes qui trouvent une formation qualifiante, un CDD de plus de six mois ou un CDI. Les résultats se doivent d’être satisfaisants pour éviter une diminution des subventions. Aussi, l’association souhaite s’agrandir et accueillir quinze nouvelles personnes en CDDI. Cependant, les délais sont très longs car pour élargir les locaux, l’aval de la Métropole européenne de Lille est nécessaire. Dommage, car ce sont quinze personnes qui pourraient rapidement accéder à ses contrats.
« Le turn-over dans l’association est très régulier », souligne la responsable. Les candidats à l’insertion professionnelle ne manquent donc pas et d’autres initiatives seraient certainement les bienvenues. Le combat pour amener le maximum de personnes vers l’emploi est encore long car beaucoup ne trouvent pas de solutions malgré les dispositifs actuels. Enfin, une communication de plus grande ampleur permettraient à tout le monde d’avoir connaissance des solutions existantes.
Paul Marcille
Crédits photos : Hugo Saez
Surnommé « coin où l’on bavarde » ou encore « l’hôtel des bavardes », le lavoir avait un rôle social très important dans les villages au 19ème siècle.
A cette époque, les femmes vivaient sous l’autorité de leur père ou de leur mari. Elles n’avaient pas accès à des lieux comme les cafés pour se retrouver. Ainsi, le lavoir est très vite devenu un endroit privilégié où elles pouvaient parler librement.
Les ménagères s’y rendaient une fois par semaine pour laver le linge familial. Elles côtoyaient alors les lavandières employées quotidiennement pour laver le linge de certains particuliers. Malgré la rudesse du travail, le lavoir était un endroit joyeux et convivial. Les femmes discutaient des dernières nouvelles du village et, à l’abris des règles patriarcales, elles se livraient au jeu des confidences.
La grande majorité des lavoirs communaux étaient gratuits et libres d’accès. Cependant, certains pouvaient être payant selon un tarif fixé en fonction du nombre de personne dans la famille, du temps passé dans le lavoir et du matériel utilisé. La municipalité pouvait alors accorder la gratuité aux familles les plus pauvres, qu’on nommait les « indigents ».
Au XXe siècle, l’invention de la machine à laver a entrainé l’abandon progressif des lavoirs. Laver son linge est devenu une activité émanant de la sphère privée. Mais, en contrepartie, cette innovation a permis aux femmes de réduire le temps qu’elles consacraient aux tâches ménagères.
Ainsi, elles ont pu intégrer petit à petit le marché du travail et commencer leur émancipation.
Charlotte Dessollin
Aymeric Peze a rencontré Bailo Barrie, un entrepreneur africain installé à Lille depuis sept ans. Après avoir suivi un accompagnement à l’entrepreneuriat, il a créé sa marque de jus de fruits 100% naturels.
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