A l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre le sida, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de Lille-Douai a organisé une soirée projection/débat le jeudi 2 décembre. C’est au cinéma L’hybride, à Lille, que le public et les professionnels de santé se sont rencontrés pour aborder la sexualité autour de la question du sida.
C’est lors d’une soirée pluvieuse que les spectateurs ont passé les portes de ce petit cinéma, L’hybride. Accueilli chaleureusement par Jean et Sébastien, à l’initiative du projet, le public entre dans cette salle éclairée d’une lumière tamisée. Un bar dans le fond, des gros canapés en guise de sièges, tout y est pour se sentir comme à la maison.
Jean et Sébastien travaillent au service prévention de la CPAM de Lille-Douai. Ils ont organisé cette soirée le lendemain de la journée mondiale de la lutte contre le sida, et c’est une première pour eux. L’enjeu de la soirée était d’aborder les infections sexuellement transmissibles mais également la sexualité de manière générale. En effet, les deux hommes ont remarqué que les jeunes portent moins d’attention au syndrome d’immunodéficience acquise, le sida, qu’autrefois. “Avant le VIH était synonyme de mort, il y a eu des évolutions certes, mais c’est une maladie qui existe encore. Il y a un besoin de relancer la sensibilisation, c’est un oubli“, explique Sébastien.
Pour faire face à cet oubli, ils ont décidé de passer par l’audiovisuel. Ces quarantenaires pensent qu’il est peut être plus facile de capter l’attention des jeunes par un support visuel. “On voulait quelque chose de pas plombant, pas stéréotypé et aborder la sexualité dans sa globalité. L’idée c’est de pouvoir parler de tout“, insiste Jean.
Et pour parler de tout, c’est Thomas Vallois, chargé de programmation et chef de projet pour L’hybride, qui s’est chargé de choisir les courts métrages diffusés lors de cette soirée. Neuf courts métrages ont été présentés au public, abordant le sida, la sexualité, la transidentité, le polyamour, l’annonce de la maladie, et les MST en général. De plus, Thomas avait fait le choix de différents formats (animation et fiction), créés dans différents pays, et à des époques différentes (certains datent des années tandis que d’autres sont bien plus récents).
Une projection qui a libérée la parole
Une fois la projection terminée, les lumières se sont rallumées. Les courts métrages, certains choquants, bouleversants, d’autres plus légers et amusants, ont d’abord plongé la salle dans un silence.
Un débat mené par quatre jeunes en service civique a pris place au silence. Médecin et psychologue, représentant le Service de Prévention Santé de Lille étaient présents. Bruno, le président de l’association LGBTQIA+ J’en suis, j’y reste, a également tenu à assister à cette soirée. Lors du débat, la question était de comprendre pourquoi les jeunes considèrent moins le sida aujourd’hui. “On connaît les risques mais ce n’est pas pour autant que l’on agit en connaissance de cause“, explique une fille dans la salle. “Tout le monde a déjà pris des risques, mais il faut savoir vers qui se tourner pour en discuter. Nous, notre rôle c’est de vous accompagne”, lui a répondu le médecin.
En effet, les jeunes ne s’en préoccupent plus sexuellement en raison d’une sorte de banalisation de la maladie avec les nouveaux traitements. Prendre conscience de cette insouciance, c’est ainsi relancer la sensibilisation sur les risques du sida.
Si cette soirée a permis de libérer la parole sur la sexualité des jeunes, tous n’étaient pas venus pour les mêmes raisons. Benjamin est venu parce qu’il connaît le lieu : “J’avais envie de venir voir de bons courts métrages sur un sujet sérieux”, évoque-t-il. Néanmoins, la soirée n’a pas fait l’unanimité de tous soulevant un problème de mauvaise représentation de tous les publics touchés par le sida. “Je trouve qu’il y a eu un manque de représentation de la femme séropositive au final, c’est dommage parce que ça conforte dans l’idée “gay = sida””, affirme Anne.
Elise Walle
Quand la culture s'empare du Sida
Jade Santerre
Zoom sur les traitements contre le sida
Lors de la conférence, nous avons pu en apprendre plus sur les traitements grâce à la présence d’un médecin. “On connaît tous les risques, mais pour autant on ne fait pas plus attention” nous dit une fille du public. En définitive, on ne se sent pas forcément concernés. C’est pourquoi le Chatillon nous éclaire aujourd’hui.
Mais, quels sont les différents traitements qui existent ?
Il existe trois traitements, mais qui ne sont pas à utiliser dans les mêmes cas.
Il n’existe pas de traitement curatif du VIH mais le traitement rétroviral ou ARV réduit la réplication en interrompant des cycles de vie du VIH. C’est celui qu’on prend lorsqu’on contracte la maladie. En raison de l’efficacité du traitement, la charge virale de la grande majorité des patients est indétectable. D’une part, l’infection ne se développe plus et la santé des personnes est meilleure, et d’autre part, même sans protection, le virus ne peut pas être transmis lors de rapports sexuels (même si le rsique zéro n’existe pas).
Lorsqu’on souhaite se protéger d’avance, par exemple si l’on sait qu’au cours du weekend on sera potentiellement en contact avec, il existe un traitement préventif, le PrEP.
Et si vous avez eu un rapport non-protégé et à risque, vous pouvez dans les 4 heures minimum et 48 heures maximum après prendre un traitement d’urgence, appelé TPE (Traitement post-exposition). Plus tôt c’est pris après le risque et plus tôt vous serez protégé. Il est à prendre pendant un mois et évite de 80% une contamination.
Et comment faire pour être éligible pour un traitement d’urgence ?
Tout cela dépend de la personne qui se présente. C’est l’entretien d’évaluation qui est important : le professionnel de santé des urgences vous dira si oui ou non le traitement d’urgence est adapté. En cas de rapports anaux, il y a un plus fort risque. A noter que le TPE est entièrement remboursé par la Sécurité Sociale.
Alicia Rogge