Des hiéroglyphes aux sms, écrire peut être un remède contre les mauvais jours et les mal-êtres plus profonds. A une époque virtuelle où notre personnalité se perd entre apparences trompeuses et réalité frustrante, retrouver son vrai soi est une épreuve de tous les jours. Eve Simonin, auteure de Et les akènes volettent au gré du mistral, ainsi que ses amies de son atelier d’écriture, Ludivine et Marylou nous expliquent ce que leur a apporté la rédaction de leur livre.
Écrire pour pleurer. Écrire pour crier. Écrire pour sourire. Écrire pour se retrouver. Le crayon s’agite entre les lettres de l’alphabet, s’arrête, rature, recommence. Des émotions à extérioriser, des situations stressantes à retranscrire, des sentiments néfastes à libérer, l’écriture permet de clarifier l’esprit et facilite le processus de résolution de problèmes. En écrivant son histoire, Eve Simonin n’est plus une simple spectatrice de sa vie, elle en devient le premier rôle : « Mon livre c’est une autobiographie, pour moi c’est une complète mise à nue où je retranscris mes émotions telles que je les ai vécues. Grâce à cette forme d’exutoire, j’ai travaillé et appris sur moi-même. »
D’un mot…
Écrire c’est être libre de ses volontés, Eve se confie : « L’écriture m’a permis de m’exprimer sans que l’on me coupe la parole, d’écrire mes pensées, mes envies. » La naissance de ses enfants, son mari suicidé, l’arrivée de ses petits-enfants, l’inlassable dispute avec son frère, le deuil de ses parents, son livre est une libération de ses souvenirs heureux mais aussi ceux qui le sont moins. La joie, la tristesse, la colère, la peur sont des émotions qui rythment nos vies quotidiennes et parfois elles peuvent créer des pensées confuses ou un mal-être persistant. Selon Ludivine Gonon, auteure de Africaine Blanche, « écrire m’a permis de transcender et d’affronter mes propres peurs, mes propres angoisses, mes propres failles et de m’en libérer grâce à la force, le courage et les qualités des personnages que j’ai créés. » Ecrire c’est finalement laisser son imaginaire prendre le dessus, la créativité est une arme redoutable contre les démons psychologiques. Une lettre, un journal intime, des listes d’envies, des pensées du jour, juste un mot posé sur le papier, permettent de libérer son cerveau d’une pensée trop assidue. Toutefois, chacun à des perceptions différentes de l’apaisement que procure l’écriture. Pour Ludivine, « l’écriture a forcément une visée thérapeutique car la créativité permet une prise de conscience et réduit des affects inconfortables ». Tandis que pour Marylou Moonstone, auteure de Volatilisés, « l’écriture de mon premier livre ne m’a pas soulagée, mais elle m’a fait voyager dans mon passé, imaginer mon futur autrement, tout en racontant une réalité, le vécu d’un autre. Pour moi, l’écriture comme je la pratique n’est pas une thérapie. Mais je comprends qu’elle peut l’être lorsque ce qu’on a à dire en est une ».
… au livre !
Les ateliers d’écriture sont des activités de création et de partage ayant pour but de libérer la libre expression de chacun et chacune. Hervé Manuguerra, auteur, créateur de Hervé éditions, sa maison d’édition et animateur d’ateliers d’écriture nous explique qu’ils permettent en premier de retrouver la confiance en soi. Il avoue que l’écriture est un art et qu’il doit s’apprendre. « On va découvrir le plaisir d’écrire et surtout que chacun de nous est capable d’exprimer ses émotions et raconter une histoire à travers ses mots et ses phrases. » Au cœur de ces ateliers règne le mot « confiance », selon Ludivine, « avec l’aide de Marylou et Eve dans ces moments d’échanges, mon mal-être et mes tourments s’estompaient au fur et à mesure des chapitres écrits ». L’écriture est un échappatoire où chacun doit découvrir sa personnalité et l’exprimer, « on rejoint ici d’autres arts qui peuvent aider dans ce cheminement, comme le théâtre, la peinture, la sculpture, la danse, la photographie, la musique…Viendra alors un style, un caractère, une création personnelle et pourquoi pas une œuvre », confie Hervé.
Alice Mouillet
Claire Deregnieaux
L’art-thérapie c’est quoi ?
C’est un accompagnement de personnes en difficulté, que ce soit psychologique, physique, sociale ou existentielle, à travers des productions artistiques : peintures, sonores, théâtrales, littéraires, corporelles etc.
La personne qui entoure une séance d’art-thérapie se nomme l’art-thérapeute. Il encourage les participants à s’engager dans un projet artistique avec des conseils techniques afin d’oser expérimenter, jouer, développer leur créativité pour s’épanouir et se reconstruire. L’un des objectifs de cette forme de soin est la conscience de leurs capacités et ressources.
Les œuvres réalisées sont des traces qui témoignent du fait d’exister, d’exprimer le mal-être la douleur ou autres. Cela permet également de débuter un processus de transformation vers un mieux-être.
La nécessité de s’exprimer pour aller mieux est une nouvelle manière qui vise à éloigner les soins médicamenteux des « patients ».
Par exemple, Pascaline Bonnave est une artiste peintre qui propose depuis peu des séances d’art-thérapie au Palais des Beaux-Arts de Lille. Chaque art-thérapeute à son style. Spécialisée dans la peinture pour capturer des émotions, elle aide ses les participants à projeter leur intériorité dans leurs réalisations.
Karl Massol