Le cri d’alerte du CSP 59 face à la loi asile et immigration 2023
Posted On 25 octobre 2023
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Cette loi apparaît dans un contexte politique clivant dans lequel l’immigration se retrouve au cœur des débats médiatiques. La gauche et la droite débattent depuis novembre 2022 afin de trouver un compromis sur ce texte, mais la majorité peine à trouver un consensus pour le faire passer. La droite réclame un projet plus ambitieux et restrictif sur le droit des exilés tandis que la gauche se retrouve séparée entre ceux partageant ce point de vue comme le PCF et ceux militant pour une régularisation des sans-papiers.
L’une des porte-paroles du CSP 59 a partagé son mécontentement face à l’hypocrisie de cette loi qui amènerait les salariés exilés à être opprimés davantage. La régularisation se fera particulièrement dans les métiers en tension, les amenant à être sous l’emprise de leur patron pour conserver leur titre de séjour. Selon elle, ce manque d’humanisme viendrait de la mainmise du RN sur la majorité présidentielle qui aurait réussi à imposer leurs sujets dans les débats politiques. Détenant un Bac +5 en finance, elle ne comprend pas la régularisation réservée aux secteurs en tension qui marginalise un grand nombre de personnes ayant fait leurs études en France. Il est important pour elle que cette loi intègre toutes les couches sociales. Moussa, militant et élève en Bac pro, partage la même analyse. Selon lui, il est nécessaire que l’on « régularise les gens par humanisme ». Il condamne aussi le climat politique actuel qui tend à faire le lien entre crise et immigration, « Tous les problèmes, c’est les étrangers ».
La porte-parole demande tout d’abord que cette loi puisse prendre en compte les jeunes seuls, au parcours académique d’excellence, comme dans son cas ou dans celui des familles avec enfants. L’association réclame également une régularisation complète de tous les demandeurs d’asile sans prise en compte du statut de l’individu. Elle considère qu’il est du devoir de la France, cinquième puissance mondiale et ancienne puissance coloniale, d’accueillir les habitants de ces pays qui aident à sa croissance économique de par leurs ressources. Plusieurs actions ont été organisées afin de sensibiliser à cette cause comme des manifestations organisées tous les mercredis ou encore une grève de la faim en soutien aux exilés, le 7 octobre. Ils avaient également organisé une conférence de presse sur ce sujet mais selon eux les pouvoirs publics ont « joué au sourd ». Le collectif est déterminé à se battre afin qu’une véritable intégration soit établie en France. Selon leur porte-parole, il « vaut mieux mourir que de vivre sans sa dignité ».
Solène Dalex
Maître Sophie Lefebvre, avocate en droit des étrangers basée à Lille, évoque le nouveau projet de loi sur l’immigration comme une réelle difficulté pour le droit des étrangers.
Elle le considère comme une simple réponse politique à un contexte de stigmatisation grandissant à l’encontre des personnes immigrées. Le principal risque pour ce droit, selon elle, repose sur la volonté de supprimer l’organisation collégiale auparavant chargée de la question d’asile vers un juge unique.
“Cela va poser difficulté car lorsqu’un juge doute il y a encore les deux autres juges alors qu’avec le juge unique, on se base sur une appréciation personnelle sur des sujets qui sont pourtant délicats. Ce sont des dossiers compliqués en matière d’asile où il y a souvent peu de preuves à apporter.”
Toujours d’après l’avocate, ce projet cherche à répondre à un sentiment grandissant chez la population souhaitant des mesures plus strictes en matière d’immigration et d’accueil en France. Ce sentiment alimenté par des affaires médiatisées comme celle du meurtre de la petite Lola en octobre 2022, participe à la mise en danger du droit des étrangers.
“On est toujours dans l’idée de restriction, puisque dans les huit modifications qu’il y a eues sur le code des étrangers, chacune d’entre elles portaient sur cet aspect. Par exemple, dans les délais de recours, avant on avait des délais raisonnables alors que maintenant c’est 48h. Parfois, une OQTF est même délivrée le vendredi soir ce qui empiète sur le droit des étrangers.”
Anaïs Fouche
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