Depuis la rentrée 2021, dans l’écoquartier de Fives Cail, à Lille, deux associations, Chaud Bouillon et Lilotopia, ainsi que quelques étudiants ingénieurs, développent le concept de résilience urbaine. Un moyen d’amener en ville une forme originale d’agriculture.
A l’image des feux de forêts en Australie,des inondations en Allemagne, ou encore des ouragans aux Etats-Unis, les catastrophes naturelles sont de plus en plus nombreuses, et ont pris une ampleur inquiétante au cours de l’année qui se termine. Il apparaît donc le temps de redéfinir les moyens de lutter et de s’adapter aux événements, à la campagne, comme à la ville.
Une structure innovante
En tant que jeunes préoccupées par notre avenir, le concept de résilience urbaine nous interpelle. Nous sommes donc parties à la rencontre de l’association Lilotopia qui assure l’animation de la Ferme Urbaine.
Née de l’association de Chaud Bouillon, un lieu de partage culinaire, d’étudiants ingénieurs en agriculture et agro-alimentaire et de l’association Lilotopia, la Ferme Urbaine teste des méthodes d’agriculture mêlant le rural et l’urbain. Au pied de la station de métro Marbrerie se côtoient une serre en aquaponie (méthode de culture de poissons et de plantes dans le même système), une champignonnière et des potagers en bacs. Benjamin Legrand, enseignant-formateur, gère le développement de techniques innovantes avec les étudiants ingénieurs de l’école Junia. A la Ferme Urbaine, seuls des produits de saison sont cultivés. Afin de rester dans un objectif d’économie circulaire, le produit des cultures est directement consommé sur place ou vendu à la cuisine de Chaud Bouillon.
Benjamin Legrand nous explique que chaque action de la ferme est réfléchie dans cet objectif : “l’idée c’est de travailler avec des matériaux de récup’, du marc de café, des sciures de bois…”
L’affaire de tous
Toutefois il ne suffit pas que quelques initiés ou professionnels maîtrisent ces procédés pour atteindre cette résilience urbaine. Le rôle du jeune homme consiste donc à éduquer le maximum de Lillois possible à l’économie circulaire, la végétalisation et la production locale au cœur de la ville. Lilotopia enseigne et partage ses techniques, qu’elles soient innovantes ou traditionnelles, au travers d’activités proposées chaque vendredi.
Ainsi, pour les simples curieux, l’association met en place des visites démonstratives de la ferme, des ateliers sur la théorie et les méthodes utilisées. Des balades sont également possibles pour aller à la découverte d’autres initiatives agricoles mises en place en cœur de ville. Quant à ceux qui désirent mettre la main à la pâte, ils trouveront un programme tout aussi varié : ateliers pratiques, gestion des salades en hydroponie et des bassins d’aquaponie, culture de champignons ou réalisation de kits d’autoproduction. Les participants à la main verte pourront repiquer les plants et les semis pendant que les bricoleurs construiront composteurs et autres aménagements tels que de nouveaux bacs surélevés pour les potagers.
Si parmi tous ces termes agricoles, certains semblent provenir d’une langue étrangère, aucune crainte à avoir ! Alix Réquillart, présidente de l’association, et les bénévoles permanents sont toujours disponibles pour fournir des explications et apporter leurs précieux savoirs. On apprend alors que l’hydroponie est une technique de culture hors-sol qui utilise des solutions nutritives renouvelées et un substrat inerte afin de se passer du support et des apports d’un sol.
Le petit plus convivial de Lilotopia ? Le repas façon « auberge espagnole » est proposé le vendredi au déjeuner.
Nous repartons de la Ferme Urbaine avec des solutions et de l’espoir, remotivées pour le futur face à l’enjeu climatique.
Eléonore Moreau
A la découverte de l'agriculture urbaine par Inès Simondi
Zoom sur... Les difficultés du projet
Si l’association Lilotopia est porteuse de l’idéal de transformation de nos moyens de consommation et de transition vers de nouvelles techniques d’agriculture en ville, des difficultés ont pu venir à l’encontre du projet.
Lors de notre visite à la Ferme Urbaine située à Fives, nous avons pu discuter avec Benjamin Legrand, un horticulteur et ingénieur paysagiste ayant soutenu le projet de la serre urbaine. Si cette dernière est financée par les Fonds Européens de Développement Régional, l’investissement est coûteux et a été le plus gros obstacle lors de la mise en place de l’utopie. Benjamin Legrand partage qu’une grande attention a dû être portée afin de ne pas dépasser le budget fixé. Toutefois, certaines adaptations et ajustements ont été inévitables comme l’intégration de bâtiments moins coûteux que ceux prévus au début ou l’emplacement géographique de la Ferme Urbaine, choisi en s’accomodant au budget.
En somme, peu de moyens sont mis en place dans ces initiatives sociales et écologiques devant ainsi compter sur les bénévoles afin de garantir et de soutenir le développement de l’agriculture urbaine. L’association Lilotopia met ainsi en place diverses missions, accompagnée par les plus anciens, dans le but d’inciter la transition environnementale et alimentaire.
Laura Morais Da Silva