Les jeunes, premiers militants contre le réchauffement climatique
Face à la crise climatique, les jeunes, étudiants ou actifs, s’organisent et se mobilisent. Partout en France et dans le monde, ils forment des groupes militants déterminés à agir contre l’inaction des institutions et pour réveiller les citoyens. Exemple, à Lille, avec Extinction Rebellion.
Les manifestations « Friday for future » initiées par la jeune militante suédoise, Greta Thunberg, incitent des étudiants du monde entier à se mobiliser face à la crise climatique. En France, la prise de conscience de la crise écologique est relayée par plusieurs organisations dont Youth For Climate (YFC), Avenir Climatique, et d’autres à échelle locale. D’après “CerisierRose”, militante dans l’organisation Extinction Rebellion (XR) à Lille, qui mène des opérations de désobéissance civile, « il y a clairement un élan des jeunes, on le remarque surtout dans les actions plus petites et plus accessibles ».
Des actions pacifiques, parfois ludiques, entre amis, autour d’un engagement évident pour les jeunes, avec des messages à transmettre, voilà comment pourrait s’expliquer cet élan de la nouvelle génération. Cependant, on est loin de voir la majorité des 18-30 ans derrière les banderoles des manifestations. Les nombreux moyens d’information, documentaires, reportages et médias ainsi que les voix s’élevant de personnalités influentes et militantes, politiques ou culturelles, sont des moteurs d’un engagement accessible et peut-être facile. Or, aussi nombreux que soient ces médias écologistes, d’autres supports, d’autres médias et d’autres personnalités produisent le discours inverse. Un discours prônant la consommation.
Anxieux mais pas désespérés
De cette inquiétude croissante des jeunes naissent des actions, à échelles locales et nationales. Le 15 mars 2019, plusieurs organisations de lutte étudiante pour le climat ont appelé à la première grève générale. Ce seront les premières marches pour le climat, qui d’après l’organisme Fridays For Future, ont eu lieu dans 2363 villes de 133 pays à travers le monde, réunissant 2 286 715 étudiants et écoliers. Des slogans sont aussi affichés sur les monuments des villes de France. A Nantes, le 6 juillet 2021, on a pu lire sur la Place Royale: « La mer assassinée, les banques tuent » sur un bateau éphémère du Voyage à Nantes. Organisée par Youth For Climate, cette action n’est qu’un exemple parmi celles menées partout en France et dans le monde.
Les militants s’organisent via des serveurs Discord. Dans une démarche horizontale, tous les membres peuvent proposer des actions légales. Pour celles de désobéissance civile, ils utilisent le réseau de messagerie Signal, plus sécurisé, conseillé par le lanceur d’alerte américain Edward Snowden. Ils se regroupent en petit comité pour rester discrets et préserver l’effet de surprise. En plus de ces actions, YFC s’adresse aux institutions politiques au moyen de lettres ouvertes, à l’instar de celle destinée à Frans Timmermans, vice-président de la commission européenne en mai 2020 et au président de la République Emmanuel Macron en septembre 2020. Les réponses se font attendre.
Le bouchon des institutions
Le 4 octobre 2019, la métropole de Lille décrète l’urgence climatique et s’engage à orienter sa politique publique vers les enjeux climatiques. Cette décision intervient après une manifestation de grande ampleur dans la capitale des Flandres, réunissant 4 000 personnes de tous âges d’après France 3 Hauts-de-France. “CerisierRose” reste cependant déçue par les équipes de Martine Aubry, maire de Lille : « Depuis la déclaration de l’état d’urgence par la mairie, rien ne se passe et on a l’impression que si on n’agit pas en masse et de manière plus forte, il ne se passera rien. ».
La militante d’XR ajoute qu’il n’y a aucun dialogue avec ces institutions. Et pour YFC, pour l’instant plutôt mineur à Lille, les membres disent ne pas être habitués à échanger avec elles. De son côté, la mairie ne répond pas. Les jeunes ne cachent pas leur pessimisme et une participante du Light Off (opération visant à éteindre les lumières des enseignes commerciales restées allumées après fermeture) du 9 octobre dernier organisé par XR, regrette : « On a l’impression de ne pas avoir la mainmise sur le sujet ». Or, le nombre de jeunes était majoritaire ce soir-là. « C’est bien de rencontrer des gens du même avis et de faire des actions à notre échelle, même si on sait qu’on ne va pas changer le monde », ajoute la participante.
Cette mobilisation étudiante s’explique par une vraie inquiétude pour l’avenir. D’après une chercheuse américaine, il faudrait que 3,5% de la population mondiale s’engagent dans un mode de vie plus respectueux de l’environnement pour éviter un point de non-retour. Les mouvements écologistes comptent ainsi sur l’engagement des jeunes pour atteindre cet objectif. Mais “CerisierRose”, pessimiste, nous confie craindre un réveil trop tardif de la population et un dialogue de plus en plus violent, entre les autorités et les citoyens, face à l’urgence climatique.
Mina Quéau
Immersion avec le groupe Extinction Rebellion, au cours de l’action “Le jour de la Nuit : rallumons les étoiles !”.
Zoom: Les jeunes Suédois et l'écologie
En Suède, encore plus qu’en France, l’écologie est un sujet qui touche les jeunes. Le réchauffement climatique y est d’ailleurs la préoccupation principale, tandis que c’est la pauvreté, la famine et le manque d’eau potable qui inquiètent le plus dans l’Hexagone.
Toujours en Suède, l’écologie chez les jeunes se fait de manière très naturelle et dans un climat de confiance. Léa, étudiante française en Erasmus dans le pays nordique, témoigne : « Ils sont très respectueux du tri sélectif. » D’ailleurs, il est bien plus poussé, avec 7 poubelles différentes. La majorité de ses camarades se déplacent à vélo et certains se font un peu d’argent en ramassant les canettes consignées (environ 10 centimes par canette).
En dehors des gestes du quotidien, les jeunes Suédois sont également engagés. Parmi eux, plusieurs grandes figures de l’écologie émergent, comme Greta Thunberg qui multiplie les actions et les prises de parole en faveur de l’écologie. De nombreux cursus scolaires basés sur le développement durable voient également le jour en Suède, à l’instar du Master en écologie et biodiversité de l’Université de Stockholm. En France, les écoles proposant ce type de programme sont encore peu nombreuses mais celles-ci cherchent tout de même à suivre les traces de la Suède. Deux étudiantes y ont même été envoyées en 2017 par l’association Auvergne Nouveau Monde pour observer et ramener en France de nouvelles idées concernant l’écologie. L’objectif étant de pousser les jeunes, mais pas seulement, à de plus grandes actions.
Floriane Noyelle