Hongrie : les touristes croquent la vie à pleines dents
Depuis la levée des restrictions sanitaires, la capitale hongroise ne cesse d’attirer de nombreux voyageurs. Budapest est la plaque tournante du tourisme dentaire en Europe. Entre prix réduits et efficacité reconnue, partons à la découverte de la fierté médicale magyare.
Il n’est pas rare de croiser dans la rue ou au restaurant de nombreux touristes internationaux à Budapest. Ils semblent être là pour le travail ou les vacances. Détrompez-vous, pour certains cette période n’est pas de tout repos. Exit les traditionnelles visites du Parlement ou du château de Buda. Pendant une semaine, pour des visiteurs principalement âgés de 50 ans et plus, ce sera plutôt ambiance bruits stridents, douleurs et peur au ventre.
Depuis l’ouverture du bloc soviétique, les Autrichiens et les Allemands sont les premiers à franchir la frontière magyare pour profiter de soins dentaires compétitifs. Aujourd’hui des patients du monde entier n’hésitent pas à prendre l’avion pour des soins médicaux. La Hongrie, pionnière en matière de mobilité dentaire, s’enorgueillit d’un savoir-faire chirurgical de qualité. Chaque année environ 80 000 touristes viennent en Hongrie pour des traitements dentaires. Même dans le guide du routard 2020-2021, à peine arrivé, un touriste français peut sans difficulté accéder aux informations nécessaires pour entrer dans l’aventure du tourisme dentaire. Sites web aguicheurs, agences à la sortie du tarmac, tout est fait pour que des patients soient prêts à sauter le pas. Difficultés d’accès aux soins, déserts médicaux, prix trop élevés, la Hongrie comme le Portugal ou encore la Roumanie permettent d’y pallier. Une cible: les patients d’Europe de l’Ouest principalement en quête et en besoins de soins bucco-dentaires dentaires efficaces et à moindre coût.
La mobilité médicale comme solution
La loi européenne ordonne “l’obligation de la continuité des soins”. Cela permet à tous les citoyens européens d’ avoir accès aux soins. En France par exemple, on observe 30 à 40% des traitements dentaires différés à cause du coût.
Nicolas Pineau, créateur d’Eurodentaire, agence de tourisme dentaire, martèle: “les gens ne viennent pas ici pour se reposer”. Une fois sur place, tout est pris en charge: navette, logement, soins dentaires. L’alternative hongroise c’est le “booking ou le Airbnb du dentaire” selon le chef d’entreprise. Les patients gardent un très bon souvenir de l’accueil, de la propreté et du professionnalisme. Maud, retraitée, est venue trois fois en Hongrie pour des soins dentaires. Une organisation “au top” qu’elle recommande. Financièrement, les prix varient “du simple au triple”.
Annie Di Placido, dentiste dans le Loiret, met en garde sur le “courage” des patients qui partent à l’étranger. On n’oriente pas un individu à l’étranger pour des soins mineurs ou bien s’il n’est pas apte psychologiquement à voyager. Nicolas Pineau parle “d’ignorance et d’incompréhension de beaucoup de dentistes” et prône “l’intérêt du patient en premier”. Cependant le risque zéro n’existe pas, les complications existent. Un suivi assidu est mis en place. Tout est fait pour que le patient se sente à l’aise. Prises de contact régulières, documentations dans sa langue maternelle. L’objectif est que les gens “aillent bien”, insiste Nicolas Pineau. En ce sens, le tourisme dentaire sait allier l’utile à l’agréable.
Lucas Santerre
Budapest, la capitale européenne du tourisme dentaire
Zoom : les études de dentisterie en Hongrie
Des étudiants de toute la Hongrie, voire du monde entier, s’empressent dans les plus grandes universités de médecine du pays. Un fabricant à professionnel de santé. En Europe centrale, la Hongrie est le leader en matière d’études de dentisterie. Une formation médicale qui se distingue de la Roumanie et de la Bulgarie reconnue pour des pays compétitifs mais en dépit de soins de qualité.
Des formations existent en hongrois, en anglais et aussi en allemand. L’université de Semmelweis, à Budapest, attire de nombreux étudiants germanophones mais aussi non européens, en quête d’un cursus moins élitiste et plus accessible financièrement.
Un cursus sélectif et exigeant sur 5 ans pour des connaissances solides. Une pédagogie innovante comparativement aux grandes universités de médecine d’Europe de l’Ouest. Dès la deuxième année les étudiants sont en contact avec la patientèle. Un objectif : “nous habituer au plus vite au monde du travail” selon Alexandros Petrolas étudiant grec en 2ème année en dentisterie à Semmelweis. En 4ème et 5ème année les futures dentistes étudient et travaillent en interne à l’hôpital de l’université. La dentisterie en Hongrie, définitivement une fierté nationale.