La solidarité entre étudiants contre la précarité avec Galillé
Pour aider leurs camarades en situation de précarité, les étudiants s’organisent et mettent en place de nombreuses initiatives. A Lille, l’association Galillé mène des projets concrets pour participer à la lutte contre les différentes formes de précarité étudiante.
Abdallah, 22 ans, retrouvé mort de faim dans sa chambre universitaire à Villeneuve-d’Ascq, montre tragiquement la réalité qui est celle des étudiants aujourd’hui. Avec près de 20% d’entre eux se trouvant sous le seuil de pauvreté selon l’INSEE, la précarité étudiante est plus que jamais une question cruciale. Face aux actions insuffisantes des institutions, les étudiants mettent eux-mêmes en place une solidarité pour sortir la tête de l’eau.
Créée en 2020, l’association Galillé (groupement des associations lilloises étudiantes) est une fédération étudiante s’inscrivant dans cette dynamique. La précarité étudiante est une de ses préoccupations principales et, pour y répondre, l’association a choisi de mener des projets concrets.
Dans le cadre de la précarité alimentaire, Galillé a mis en place le “ch’ti panier”. Ce dispositif correspond à une distribution hebdomadaire de denrées alimentaires d’une valeur totale de 25 euros, ce qui permet de couvrir l’équivalent de trois repas. “Cette distribution est totalement gratuite, il suffit juste de s’inscrire”, précise Emie Jourdain, vice-présidente de l’association et étudiante sage-femme. Pour ce faire, il suffit de se rendre sur le compte Instagram de l’opération (@lechtipanier) et de remplir un formulaire afin de valider son inscription, dans la limite des places disponibles.
Des précarités
Toujours dans le cadre de la précarité alimentaire, l’association s’apprête à ouvrir deux épiceries sociales et solidaires à Roubaix et à la cité scientifique. Ces épiceries, également appelées Agoraé, offrent jusqu’à 90% de réduction sur des produits alimentaires, d’hygiène mais aussi sur certaines fournitures scolaires. Cette fois-ci, l’accès se fait sur dossier dont le principal critère est le reste à vivre de chaque jeune bénéficiaire, qu’il soit étudiant ou non.
“La précarité étudiante ne concerne pas que l’alimentaire, nous luttons aussi contre la précarité menstruelle”, rappelle Emie Jourdain. Même si les CROUS commencent à installer des distributeurs de protections hygiéniques dans les toilettes de leurs locaux, ceux-ci sont mal répartis selon les établissements et ne sont pas accessibles partout.
Ainsi, dans un souci écologique, l’association a commandé des protections réutilisables à distribuer lors d’une prochaine action et veille à la mise en place de distributeurs de protections hygiéniques dans les universités.
“Même si ce sont des mesures palliatives, voir que l’on aide les gens et qu’on les soulage est très important pour nous”, souligne la vice-présidente de Galillé. Elle remarque ce phénomène notamment dans le cadre du Tiot accueil, un dispositif de logement d’urgence qui met en lien étudiants et hébergeurs.
“Voir que l’on aide les gens et qu’on les soulage est très important pour nous”,
Emie Jourdain
En effet, l’association est consciente de ne proposer que des solutions temporaires. Cependant, elle souhaite mener des projets sur le long terme et s’inscrit dans une démarche de portage politique.
En tant que membre de la FAGE (la fédération des associations générales étudiantes), elle dispose d’un levier lui permettant de s’exprimer au niveau national. En effet, la FAGE, première organisation étudiante de France, est la principale interlocutrice de l’Etat lorsqu’il s’agit de l’enseignement supérieur ou de la vie étudiante.
“Cette année, on espère mettre en place de nouveaux projets et continuer d’aider de nombreux étudiants en situation de précarité tout en développant notre association avec de nouveaux bénévoles”, conclut Emie Jourdain
Audrey Royer
Galillé a ouvert une campagne de recrutement, si vous souhaitez les rejoindre, retrouvez toutes les informations sur leur page Instagram @fedegalille
Zoom sur...
Mesurer la précarité: une affaire d'étudiants
Si les chiffres disponibles sont principalement produits par des organismes officiels comme l’INSEE ou l’Observatoire de la Vie Étudiante, les premiers concernés par la précarité étudiante contribuent aussi à ce travail de recherche.
La Fédération des Associations Étudiantes de Lille (FAEL), dont les membres sont étudiants, agit depuis 2008 afin “d’accompagner, former et représenter les associations étudiantes de la métropole lilloise”. En 2020, elle lance sa première Enquête sur les Conditions de Vie des Étudiant(e)s de la Métropole Lilloise. Une enquête qui “a permis de réaliser l’ampleur de la précarité chez les étudiants”, confirme son président Martin Murcia, mais aussi de faire un point sur leurs conditions de vie générales et de leur apporter des solutions plus ciblées et adaptées localement.
Des institutions comme l’Université de Lille, le Crous ou encore certains médias avaient salué la fiabilité et la qualité de ce travail statistique : ses résultats avaient en effet permis une réelle prise de conscience de la difficulté éprouvée parmi les étudiants.
Alors que l’initiative se renouvelle cette année dans un contexte d’inflation, la fédération et plus largement la communauté étudiante espèrent un renforcement des politiques publiques. Car malgré une amélioration relative de la situation depuis 2020, force est de constater que les solutions adoptées par la suite (distributions alimentaires, redynamisation des épiceries solidaires) restent insuffisantes face à la détresse de certains étudiants encore très préoccupés par les questions financières.
Lauren Settepani
Précarité étudiante : ils témoignent
Outre le réseau associatif, des syndicats étudiants se mobilisent pour faire entendre la voix de leurs camarades en difficulté. Leurs expériences permettent de mesurer l’importance de leurs actions.
Elma Vergerolle