Santé masculine : l’hôpital Huriez se mobilise à l’occasion du Movember
A l’occasion du Movember, un événement caritatif annuel et international dédié à la santé des hommes, l’Hôpital Claude Huriez de Lille a tenu le mardi 22 novembre un espace de sensibilisation. Des professionnels de santé étaient présents sur place pour discuter et échanger autour d’un sujet qui est encore trop tabou aujourd’hui. Le mot d’ordre ? La prévention.
“Comment prenez-vous soin de vous ?” C’est ainsi que François Collet, psychologue au service d’andrologie de l’hôpital Claude Huriez, amorce la discussion avec les personnes arrivant dans le hall d’accueil. La plupart d’entre elles bafouillent et ne savent pas trop quoi dire. Mais aussi difficile soit-il que de répondre à cette question, ça l’est encore plus pour les hommes. C’est justement la démarche que poursuit Movember, un mouvement d’origine australienne, importé en France il y a peu.
Désacraliser la figure de l’homme viril
Au mois de novembre, Movember (contraction de moustache et de November en anglais) invite tous les hommes à se laisser pousser la moustache, attribut masculin par excellence, pendant 30 jours. Cette action a pour but de sensibiliser l’opinion publique au suicide et à la santé mentale mais aussi et surtout aux cancers de la prostate et des testicules, des maladies spécifiques aux hommes. Le mouvement collecte des fonds pour financer des recherches médicales novatrices contre le cancer, ainsi que des projets dans le domaine de la santé mentale. Comme l’explique Nathalie Gouvart, infirmière à l’hôpital, Movember a pour objectif de “briser un tabou et de désacraliser la figure de l’homme viril peu enclin à aborder des sujets de santé qui relèvent de l’intime“. Elle ajoute que l’hôpital Claude Huriez se mobilise car “c’est un sujet qui doit être davantage entendu“.
La population masculine établit un rapport plus difficile avec sa santé. François Collet explique cela par des “logiques sociétales encore profondément ancrées”. Exprimer des émotions chez les hommes serait ainsi “mal perçu”. C’est pourquoi ils se rendraient moins chez le médecin. Cependant, ces disparités peuvent lui être préjudiciables en constituant un réel danger, et ce, à tout âge. François Collet avance notamment qu’il essaye de parler à un maximum de jeunes présents sur place pour leur parler du cancer des testicules, une maladie qui touche davantage les jeunes patients.
Encourager le dépistage
Sur place, urologues, sexologues, psychologues ou encore infirmiers présentent le concept de Movember aux personnes présentes. Qu’elles soient directement concernées, simplement curieuses ou même arrivées par hasard, la démarche est la même et passe par des thématiques concrètes. Le dépistage en est une. Comme le déclare Julie Van Heddegem, coordinatrice du centre de cancérologie du CHU de Lille : “La plupart du temps, les hommes atteints par des cancers se manifestent très tard en catastrophe et c’est encore plus le cas pour les cancers dits masculins car ils se dépistent moins.” Pourtant, “on peut guérir neuf cancers de la prostate sur dix quand ils sont dépistés à temps”, ajoute-t-elle.
Movember a pour objectif de “briser un tabou et de désacraliser la figure de l’homme viril peu enclin à aborder des sujets de santé qui relèvent de l’intime”
Une action non réductible aux hommes
En passant devant les stands mis en place par l’hôpital, plusieurs femmes ont expliqué aux soignants qui les ont interpellées ne pas être concernées par l’action. Julie Van Heddegem leur répondait alors du tac au tac qu’elles étaient, en tant que femmes, tout autant visées par Movember que les hommes puisqu’elles avaient “sûrement un mari, un frère, un neveu ou un cousin“. Elle explique alors que les femmes, de par leur sensibilité à cet effort de communication sur la santé intime, ont un rôle considérable à jouer dans la sensibilisation de leur cercle proche à ces maladies masculines. Elle encourage vivement une banalisation de ces échanges, qui doivent selon elle “faire partie des choses de la vie courante“.
En plus de se mobiliser sur le terrain, les équipes de l’hôpital Claude Huriez sont actives sur les réseaux sociaux. Elles ont notamment participé à la création d’un filtre moustache spécialement mis à disposition sur Instagram pour l’occasion. Elles incitent ainsi à s’ériger en ambassadeur de la campagne en l’utilisant !
Alexis Lysimaque
Plus d’informations sur la santé masculine sur movember.com
Pour briser les tabous masculins engendrés par la virilité, le vidéaste Ben Névert libère les paroles dans son émission Entre Mecs, diffusée sur YouTube depuis 3 ans, et déclinée en podcast. Le concept est simple : réunir une poignée de “mecs” autour d’une table, discuter d’un sujet et se confier. Mais derrière cette simplicité de façade, les sujets et leurs traitements remettent en cause les stéréotypes des comportements masculins, et leurs conséquences néfastes.
Un même refrain à chaque épisode : la tendance des hommes à ne pas se confier fait souffrir, aussi bien eux que leur entourage. Julie Van Heddegem, coordinatrice du centre de cancérologie du CHU de Lille, en donne un exemple criant « Par crainte d’en parler à leur maman ou à leur médecin traitant (…) pas mal d’hommes viennent avec des pathologies déjà bien avancées, plus longues et compliquées à traiter ». Les conséquences nocives sont aussi psychologiques, ne pas extérioriser ses émotions peut provoquer des troubles et pousse à l’isolement.
C’est pour éviter de tels effets que l’émission s’attelle à délier les langues. Le choix des thèmes abordés n’est pas anodin : les peurs, les complexes, le sexe, les cosmétiques… Autant de thèmes attribués à la féminité ou tabous en général, et particulièrement chez les hommes. Mais c’est surtout pour un traitement différent des sujets que l’émission dénote. Elle rompt avec le stoïcisme, la froideur et le détachement socialement valorisés chez les hommes. Ici, les “mecs” se confient, expriment des émotions, leurs peurs et leurs complexes, s’écoutent et se soutiennent.
Ces images veulent donner l’exemple. L’audience est aussi invitée à parler, à désacraliser les tabous, quitte à employer les vidéos comme supports pour entamer une discussion. Et à en croire l’espace commentaire de chaque vidéo, ça marche. Eux ils en parlent, alors pourquoi pas nous ?
Nino Marie
Pour retrouver la chaine de Ben Névert, c’est par ici : https://youtu.be/gt5Fw4Nf_0o